Les années 30:préfiguration ou antithèse des ann&e acute;es 90 ?

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2. La nature et les sciences

"L'homme moderne - en tant qu'il réfléchit, calcule et prévoit- vit et meurt de la logique." [De Launay]

"L'homme a un extraordinaire besoin d'affirmations et de certitudes. Il lui faut des catéchismes où toutes les questions trouvent leur réponse imprimée d'avance. Ces réponses qu'il demandait jadis aux religions, il les exige aujourd'hui de la science avec la même conviction de les obtenir. Il n'admet pas qu'elle les refuge, qu'elle hésite ou qu'elle diffère. Au besoin, si elle ne le satisfait pas assez vite, il court chez le charlatan qui tient la boutique voisine" [De Launay]

"La grande prétention moderne est d'introduire à toute force la science là où elle ne devrait tout au moins intervenir qu'avec une extrême prudence, dans la littérature, dans l'art, dans le philosophie, dans la politique" [De Launay]

"Le réalisme d'un Zola, le cubisme et le pointillisme, la théorie des milieux d'un Taine, l'évolution littéraire d'un Brunetière, le comtisme, le marxisme sont des essais déjà anciens pour ramener toutes les opérations de l'esprit, tous les raffinements du sentiment et du goût sur le plan unique de la

science. Cela donne facilement un air sérieux à une fantaisie. On veut admirer chez les Grecs, non l'instinct génial qui leur a fit trouver le secret des lignes harmonieuses, mais la codification

que l'on peut en donner par l'algèbre. On n'est satisfait que lorsqu'on a réussi à mettre le Parthénon en équations et à reproduire automatiquement la Sonate pathétique par un agencement de mécanismes sans intervention nouvelle de l'esprit humain: donc sans initiative et sans beauté" [De Launay]

2.0. Les mathématiques

La montée des mathématiques

Le ver dans le fruit, la moisissure qui peut faire pourrir le grain pour lui apporter une nouvelle

fécondité s'attache à un grand nom de la logique formelle: Kurt Gödel. Bien que son travail fondamental remonte à 1930, il est resté largement ignoré des scientifiques et tout particulièrement des mathématiciens français jusqu'à ces derniers années.

Certes on en trouvait trace dans des compilations comme le tome "Logique et connaissance..." de la Pléïade. Plus récemment, Hofstadter a fait un best-seller de son "Gödel, Escher, Bach". Mais on en reste au niveau des conversations de salon, au jeu classique des paradoxes qui permettent, le temps d'un café, de sortir un peu du travail sérieux du mathématicien ou de l'ingénieur.

La vague gödelienne monte pourtant régulièrement.

En France, deux livres lui ont récemment été consacrés. D'abord "Kurt Gödel" de Hao Wang (Armand Colin, 1987), compagnon de Gödel et d'Einstein. Puis "Le théorème de Gödel" qui comprend une traduction de l'article fondamental de 1931, et des textes d'Ernest Nagel,

James Newman et Jean-Yves Girard (Seuil, 1989), reprenant et complétant le "Gödel's Proof" de Nagel et Newman, 1958... trente ans de retard!).

Pourquoi une aussi longue tenue à l'écart, en France tout particulièrement, d'un penseur pourtant important, dont l'article fondamental secoua le monde de la logique et des mathématiques dans les années 30? Un mathématicien anglais, A.R.D. Mathias vient de consacrer un passionnant article à cette question: "The Ignorance of Bourbaki" (The Mathematical Intelligencer, no3, 1992).

Cette école de pensée a en effet fortement marqué les mathématiques françaises. Or elle a, délibérément semble-t-il, fait pratiquement comme si Gödel n'existait pas, comme s'il n'avait pas prouvé que la construction d'une mathématique complètement cohérence, projetée par Hilbert, était fondamentalement impossible.

Parmi les raisons possibles , Mathias relève la possibilité d'un certain chauvinisme français, qui rappelle, notamment, la résistance aux idées de Leibnitz sur les infinitésimaux, résistance influencée par Descartes. De même, Poincaré a longtemps traité par la dérision les travaux de Cantor et Russell.

Il note aussi le tribut payé par les logiciens français aux deux guerres mondiales (notamment Cavaillès et Lautman, fusillés en 1944 pour faits de résistance).

Enfin, il insiste sur la co-existence de sensibilités différentes en mathématiques: algèbre et géométrie surtout, correspondant à l'opposition maintenant classique entre les deux hémisphères cérébraux.

On pourrait y ajouter une raison en fait toute positive: l'extraordinaire fécondité des mathématiques au cours des dernières décennies. Selon Marcel Berger (directeur de l'Institut des hautes études scientifiques, le Princeton français, où réside notamment René Thom), les mathématiques ont produit plus de résultats importants pendant les quarante dernières années que pendant toute la période précédente, depuis l'origine de l'humanité.

La richesse des champs à explorer et l'intérêt des résultats obtenus pour la science et de là pour la technologie et notre vie de tous les jours, expliquent pour une bonne part le médiocre intérêt porté aux limites de la logique et de la formalisation. Des limites trop lointaines pour les détourner de leurs constructions actuelles.

Pourtant, écrit Mathias, "Je crois que ces questions sont importantes, car le groupe Bourbaki a eu une grande influence. Je ne conteste pas la valeur positive de leur livre, ni l'ampleur de leurs réussites. Mais je suggère que leur attitude vis à vis de la logique et de la théorie des ensembles, qu'ils ont transmise aux jeunes générations de mathématiciens, est fâcheuse, car elle empêche certaines perceptions revigorantes de la nature des mathématiques".

2.1. Minéraux

Chimie minérale: Hydrogène lourd, radioactivité artificielle, le neutron, la fission de l'atome (notamment de l'uranium et du plutonium) le méson

La nature continue à l'occasion d'imposer sa loi: tremblement de terre en Inde, 50 000 morts

2.2. Végétaux

Premiers examens biologiques au microscope électronique

Cristallisation du virus du tabac

Productions végétales:

1935. Production de bière: Allemagne 50 MHl (70 MHl en 1911), Grande Bretagne 35 M (contre 61 en 1899) (bcp de chiffres sur la bière à ces époques dans [Clementel])

1935(vers). Le rendement moyen en France pour le blé est de 17 à 18 hectolitres à l'hectare, atteint à peine 10 hectolitres dans les causses du midi.

2.3. Animaux

France: environ 300 000 ânes

Beurre: USA 800 000 tonnes, Canada 120 Danemark 160, France 150 Angleterre 150 Pays Bas 120 Australie 170 Nouvelle Zélande 120, Argentine 50. En France 30% de la production de lait est transformée en beurre

Un demi milliard de bovidés dans le monde. 145 millions aux Indes anglaises, surtout pour la traction. USA 65 M, Brésil 34 M, Argentine 28, France 13,5.

2.4. Sciences de l'homme

Progrès de la préhistoire. Breuil, Teilhard de Chardin, mais aussi les anglo-saxons

Lecomte du Nouy, Carrel

1932. G.E. Lewis: le ramapithèque

1936. Robert Broom découvre des crânes à Sterkfontein (Afrique du Sud).