9. VALEUR DE LA SYSTEMIQUE

9.1 Validité/vérité

Des choix qui peuvent masquer l'essentiel

Le type de représentation avancé par la systémique, comme tout choix, d'ailleurs, peut masquer l'essentiel. L'orientation "modélisation" peut pousser à des constructions abstraites bien éloignées des réalisations possibles. C'est d'autant plus facile qu'on esquive le problème épistémologique classique réalisme/nominalisme, ou qu'on tranche pour le nominalisme sans se poser trop de questions sur le passage ultérieur au réel. On peut toujours faire apparaître un processeur de coordination, une mémoire, même si cela ne correspond à aucun processeur explicite.

Ce type de modélisation, à la limite, ne permet même plus de distinguer si l'organe est explicite ou non.

Un schéma général à valeur variable

Le caractère transdisciplinaire de la systémique peut masquer le fait que ses concepts, ses schémas, ses formules (entropie...) n'ont pas forcément tout à fait la même signification dans les diverses disciplines ou les divers domaines d'application.

A fortiori, les principes dégagés et proposés peuvent être magnifiquement validés dans certains domaines et purement intuitifs dans d'autres. ouverture/fermeture voir Bourgeois, Lacroix

Une possibilité indéfinie de discours

La systémique pousse à remonter à Héraclite pour justifier l'implantation d'un ordinateur à Clichy ou à Marseille. On peut parler aussi longtemps qu'on veut de n'importe quoi. Surtout si l'on dispose d'un ordinateur pour faire tourner le modèle.

L'homme est bien plus qu'un processeur

On tend souvent à représenter un individu ou une équipe par le schéma fondamental du processeur. On sait que ce schéma, très largement utilisé par les behavioristes (stimulus/réponse), est fortement insuffisant, sinon stérile, pour comprendre l'humain.

L'homme est à la fois moyen et fin. Je ne peux pas décrire mes relations profondes avec les autres, l'amour, l'amitié, ni même le respect, en termes d'intrants/extrants. Ex. Castellani (un processeur...) Deleuze : processeurs internes (anti-oedipe).

"Hier, il (le facteur humain) était oublié. Aujourd'hui, il est introduit dans des projets paranoïaques qui lui reconnaissent une place sous forme d'un paramètre supplémentaire. C'est une variable accolée au reste, plus complexe et fragile certes, mais gérable. Car après tout, les analyses systémiques ne nous ont-elles pas habitué à avoir une "vision globale" ?". (CFDT, Les dégâts du progrès).

La systémique tend à masquer les conflits

C'est peut-être une conséquence de sa pratique actuelle plus que de sa nature profonde. Pour cette raison, elle est parfois rejetée par les marxistes (mais l'URSS participe à l'IIASA).

Note vers 1995:

The basic error (or at least, limit) of systemics, is to put men and machines on the same plane. May have been effective some years, problably non longer now

Any human being is an enormous object

Several men are an enormous universe

then we have always to make a dramatic compression of data in any groupware situation

an important point: the total number of bits in the groupware system, and then the compression ratio to display it adequately. Note that the displayed quantity is augmented (but not as much as a rought count may say) with image.

build a conscience field is an enormous number of choices (and in the end these choices are the reality itself, but that is another story)

to build, update, adapt, the conscience field, is the day to day task of everyone

Idéologie et philosophie

Tant qu'il s'agit de construire des machines, la part d'engagement et de subjectivité pour l'appréciation reste faible. Dès que l'on atteint des systèmes d'une certaine ampleur, que des hommes les utilisent et participent à leur fonctionnement, la part d'engagement s'accroit.

A tout le moins faut-il distinguer deux grandes orientations qui marqueront la manière de penser et la pratique de la réalisation :

- d'une part des philosophies plutôt optimistes (Saint Thomas, Descartes, Marx, Bergson, Forrester), pour qui "omne ens bonum", tout être est bon (dans la mesure où il "est" vraiment), et pour qui les systèmes tendent naturellement vers leur "perfection". Teilhard tout ce qui monte converge.

- de l'autre des orientations plus pessimistes Saint Augustin, Pascal, Lafague, Sartre, Illich), qui estent toujours beaucoup plus critiques et méfiants ur les constructions théoriques et matérielles. CFDT : es dégâts du progrès.

Plus finement, certains font essentiellement onfiance à l'homme dans sa spontanéïté transcendante, t se méfient des constructions qui le contraignent Rousseau : l'homme est bon, la société est mauvaise).

D'autres se méfient de l'individu et veulent l'encadrer dictature du prolétariat).

Dans la mesure où ou associe positivement être et ien, les principes posés pour la structure et la ynamique des systèmes peuvent prendre une portée éhique. Par exemple la fonction L (maximisation de l'espérance de néguentropie)e peut être proposée comme un "devoir", aussi bien pour moi en tant que système que pour moi qui dois faire grandir les systèmes dont je suis responsable : mon jardin, ma maison, ma famille, mon pays, l'univers.

Il faut rester conscient de l'ambiguïté morale des systèmes en général, et des schémas systémiques divers. Il ne s'agit pas de conclure à la neutralité de l'outil, ni de conclure à l'impossibilité de l'action.

Mais, tout de même, quelques remarques :

- stabilité, complexité, peuvent être positifs ou négatifs; un retraité préfère la stabilité, un jeune se réalisera dans l'instabilité;

- certains préfèrent les pyramides (Comte), d'autres les cercles; mais on peut "tourner rond" ou "tourner en rond"; "carré" est plutôt positif en français, "square" plutôt péjoratif.

- proximité/distanciation

- équilibre-eutumélie... élan.

Comparer les représentations de Dieu.

Même le concept d'ouverture, en général nettement promu comme positif par la cybernétique et la systémique, n'est pas sans connotations négatives. Etre ouvert, c'est être menacé, dépendant... une blessure.

La fermeture peut être libération (loi Informatique et libertés), et le "sale égoïste" s'avérer préférable au compatissant ou même au boute-en-train envahissant.

La systémique pourrait utilement s'attacher à préciser des concepts comme "souplesse","adaptabilité", très importants aujourd'hui.

Or ce langage formel ne peut être compris que grâce à un métalangage: celui dans lequel on écrit la grammaire de ce langage. Ce langage lui-même n''est par lui-même formalisé. En quelque sorte, c'est lui qui fait la jonction entre la "boite" formelle et la surface sans bords. Les réflexions de Gödel et Church montrent d'ailleurs que si on essaye de formaliser avec le métalangage, on se heurte toujours à des points non formalisables, et que l'on peut se livrer à une escalade sans fin de formalisation en formalisation: on n'arrive jamais au bord.

Rapprocher la diagonale de Church et le sans bords de Ruyer.?

De même, l'instrumentation construite s'inscrit toujours dans un environnement, des objectifs, des hypothèses de travail. Elle n'occupe ni tout le champ de conscience des chercheurs, ni la totalité des points de vue sur l'objet.

C'est au prix de ces limitations que l'on gagne une certaine forme de vérité. On y gagne aussi autre chose: cette médiation cognitive ne m'appartient pas. Elle passe en quelque sorte à travers de la frontière qui me sépare du monde. Dé-ruyériser. Et par là-même, elle appartient autant, et aussi peu, à tous les autres sujets. De même que la marque sur le sol était devenue symbole transportable, de même la logique, la procédure, l'instrumentation scientifique appartiennent à tous. Et est meilleur garant d'avenir pour l'homme du peuple que la subjectivité littéraire qui passe par la culture aristocratique et bourgeoise.

On peut donc poser qu'il y a deux types de connaissances: celles qui s'intéressent au contenu des boites structurées, et que l'on peut qualifier de scientifiques. Celles qui, tout en sachant à quoi elles renoncent, persévèrent à étudier la totalité de l'univers = les autres. Parmi elles, la philosophie, concentrée sur les caractères les plus généraux de cet univers.

Par rapport à la formule de L que nous proposons, un scientifique pourrait s'intéresser aux relations précises entre probabilité d'existence et variété, ou chercher un univers défini où ces concepts pourraient être intéressants et conduire par exemple à des résultats quantitatifs, à des classifications selon les valeurs de L, etc.

Un philosophe, en revanche, prendra une attitude critique, se demandera s'il est acceptable de chercher une formulation mathématique d'un concept aussi profondément humain que la liberté. Si oui, quelle précautions prendre pour ne pas l'utiliser abusivement, les points qu'elle laisse dans l'ombre (notamment, au stade actuel de son développement, nous n'avons pas étudié dans quelle mesure elle exprime le caractère instinctif, de non dépendance par rapport à un autre, par exemple).

Un même individu, s'il pense, est tantôt philosophe, tantôt scientifique. Tout savant fait de temps en temps de la philosophie (souvent en croyant d'ailleurs qu'il fait toujours de la science, bien qu'étant sorti de son domaine), et tout philosophe ferme un peu son domaine pour construire un minimum de formalismes.

La tentation permanente des scientifiques est de croire qu'ils vont atteindre, qu'ils ont atteint le bord. Descartes les laisse... selon certains passages du discours de la Méthode. (qu'on pourrait relire plus souvent pour modérer notre admiration).

Cet optimisme est encouragé, chez nombre d'hommes aujourd'hui (j'écris cela en 1976) par les succès de la science, (jusqu'au Club de Rome...), autant que par le manque de culture philosophique de la plupart des scientifiques et a fortiori des ingénieurs.

Or cette prétention conduit toujours soit au totalitarisme (Staline aboutissement de Marx aboutissement de Descartes) ou, face aux refus du monde à se laisser enfermer, à des formes bizarres de mysticisme, type Auguste Compte et bien d'autres. (Jo Cohen ?).

Aussi voit-on en permanence les philosophes critiquer sans relâche la science et la technique, rappeler les insondables profondeurs du réel, et les limites étroites des boites construites par les savants et les dangers de leurs machines.

Il est d'ailleurs dans la nature même de la science de se développer aux "dépens" de la philosophie. Par nature, le philosophe parle de tout. Aux époques primitives, il est celui qui sait tout. Peu à peu, les médiations grandissent, des domaines structurés de plus en plus vastes prennent assez d'importance pour justifier la constitution d'un corps de spécialistes (en matière de savoir comme ailleurs, dialectique rayon corpuscule, ici à partir du rayonnement philosophique fondamental émanant de l'écart originel...). , d'une discipline qui prend son autonomie par rapport à la philosophie.

D'abord les sciences "exactes", toujours plus abondantes et diversifiées. Ensuite les sciences "humaines". Demain ?

Mais le philosophe aussi veut parfois rester maître de tout, et au nom de l'absolu, refuser les conquêtes de la science.

C'est qu'il est bien difficile de renoncer à l'unité du savoir, d'admettre qu'il est différentes façons de regarder le réel et d'en parler, façons irréductibles l'une à l'autre. La tentation du monisme est toujours présente, et Teilhard de Chardin semble bien y succomber, au prix d'un certain flou qui le fait finalement rejeter par les philosophes comme par les savants (pas par Breuil, tout de même), malgré la puissance de son intuition et la hauteur de ses vues.

Oui, nous sommes déchirés, et nous ne pouvons être fidèles à nous-mêmes qu'en acceptant et en assumant cette déchirure.

Le philosophe

Le philosophe est celui qui revient constamment à l'en-deçà de son discours, de toute médiation, de toute fermeture. Toute autre démarche pose les principes et marche ensuite, considérant les principes comme acquis, ou comme secondaires, et se préoccupe essentiellement d'accomplir un certain parcours (si le parcours est intéressant, cela valide les principes), de développer une certaine construction objectivée et médiatisable.

Quant la philosophie commence à développer un tel discours, elle finit par engendrer une science. La philosophie proprement dite revient constamment sur elle-même. Le philosophe ne coupe jamais le pédoncule.

Guy Palmade (Interdisciplinarité et idéologie): "Si le système des connaissances est aussi un système ouvert en ce qui concerne ses principes constitutifs, il n'est plus possible qu'il contienne un système fini qui serait son propre fabricateur, et la théorie des systèmes ne peut admettre qu'une définition affaiblie...

Il ne s'agit pas tant de souligner ce que contient d'idéologies la théorie des systèmes afin d'exclure celle-ci de la science que de la corriger et de redresser de l'intérieur vers une visée plus scientifique".

Le problème du réalisme

Reste à voir dans quelle mesure cette modélisation peut aider à clarifier ou du moins à mieux situer le problème épistémologique du réalisme.

Ce n'est pas un problème simple. Sans quoi il aurait été résolu depuis longtemps.

Nous pensons que c'est d'abord une question de relation entre le L du sujet (c'est à dire ici le système muni de son espace informationnel) et le L de l'objet (c'est à dire ce dont une certaine représentation vient s'inscrire dans l'espace informationnel du sujet).

Remarquons que la question, dans la plupart des discussions épistémologiques, est faussé par une mauvaise centration. On débat presque toujours de la connaissance d'objets de médiocre intérêt. Cette pierre sur le chemin, cette chaise qui se détache plus ou moins sur le fond du mur... dont on peut aisément penser que c'est le premier tombé sous la main, pardon, sous l'oeil, du philosophe.

Mais, après tout, que m'importe cette pierre ou cette chaise ? Que m'importe la réalité profonde du fleuve, soi disant toujours différent, où se baigne Héraclite ? Ce qui compte, pour moi, c'est ma femme, mes enfants, et toi aussi lecteur inconnu, mais dont j'attends l'intérêt et la compréhension pour ma réflexion.

Et Dieu. Je ne parle pas ici du Dieu des philosophes, construction bien abstraite après tout, couronnement peut-être même un peu facile d'une conception totalitaire du monde. S'il n'existait pas, dans son éternité lointaine, ma vie en serait-elle changée ? Puisque, de toutes façons, ce que je fais ne changerait pas tellement la sienne. Non. Le Dieu qui compte, c'est cet homme Jésus. S'il a vraiment existé, il y a 2 000 ans, et s'il a dit vrai quand il s'est égalé à Dieu et que ses disciples, puis vingt siècles de chrétiens après lui, l'ont reconnu pour tel.

Voilà ce qui compte. Mes frères les hommes. Ici encore, l'intéressant n'est pas l'extrême, du haut ni du bas, mais le coeur. Ne nous laissons donc pas entraîner dans des discussions qui souvent tournent à vide parce qu'elles prennent pour base des cas limites. L'intention, cartésienne d'esprit, est excellente. Mais stérilisante.

Système, structure, réalisme

En d'autres termes, tant que l'on reste au plan d'une propriété, c'est à dire d'un phénomène élémentaire, la question du réalisme ne se pose pas, tout le monde admet que je mesure effectivement quelque chose sur mon cadran. Tout le monde admet aussi qu'il peut y avoir une certaine marge d'erreur, une dérive, etc.

Le problème du réalisme se pose à partir du moment où l'on introduit dans la théorie ou le discours quelque chose qui apparaît comme une substance, pour laquelle on peut alors se poser le problème de l'existence, réelle ou non. Et ici, il ne peut plus y avoir d'échappatoire dans le flou, la dérive. Cette substance est ou n'est pas. Voir ce que nous avons dit sur l'autonomie et le binaire.

Reste à savoir si, alors, l'existence ou non de cette substance présente une utilité quelconque, et le problème se pose avec particulièrement d'acuité dans deux cas : l'autre homme, et Dieu.

Pour l'existence de l'autre, il n'y a pratiquement pas de discussion, parce que :

a) l'autre dispose de nombreux moyens de me prouver son existence. Exemple classique : le coup de pied.

b) la négation de l'existence des autres est invivable socialement.

Par contre, la question est plus ardue pour dieu, qui ne se manifeste pas à moi avec la même évidence, c'est le moins qu'on puisse dire. Hors des rencontres pour le moins exceptionnelles.

Si nous nous référons aux origines, des systèmes de représentation comme de la croissance en général, le problème ne se pose d'ailleurs pas : un bit unique ne se discute pas.

Mais c'est au fur et à mesure de la structuration de l'espace informationnel que va monter la question.

Dès qu'une certaine chosification isole un identificateur ou un descripteur dans l'espace informationnel, qu'il s'inscrit dans un contexte, la question commence à se poser.

Elle se pose d'ailleurs tout simplement parce que, très vite, s'instaure une certaine redondance et qu'il faut résoudre des contradictions.

Emergence du faux. Elle se pose aussi parce que l'objet intérieur, le concept, se ferme sur lui-même et acquiert une certaine autonomie, un certain mouvement qui le fait dériver, à tout le moins introduit le risque d'une dérive par rapport l'objet représenté.

Ce risque grandit avec l'élargissement de l'espace informationnel, et la loi des grands nombres exige qu'il se réalise de lus en plus souvent, bref qu'il faille s'habituer à un certain taux d'erreur.

Comment y faire face ? Deux solutions opposées plutôt que complémentaires.

Explications par dérivations de la perspective.

D'une part, chercher à restaurer l'immédiateté du contact avec le réel, diminuer la structuration de l'espace informationnel. De l'autre, perfectionner au contraire cet espace. Accroître le ratio Delta L sur P :

- utiliser une certaine part de l'espace en redondance, pour se permettre de contrôler (au prix de limiter à proportion la variété réelle de cet espace);

- entourer tout concept d'un contexte plus vaste qui en garantira la véracité.

Mais ce n'est pas seulement en accroissant la variété du système qu'on accroit L, c'est aussi en réduisant les contraintes qui réduisent l'équiprobabilité des états. En termes scolastiques, on parle de la "rectitude des appétits", qui pourrait se traduire par "impartialité".

Quant à l'objectivité, elle est de nature différente. A voir.

En outre, il faut que l'espace informationnel du sujet soit suffisant pour contenir (et encadrer assez argement) la "valeur informationnelle" de l'objet, que l'on peut, au minimum, considérer comme égale à sa variété (et on pourrait étendre ici le principe de variété requise d'Ashby), mais aussi de son entropie et finalement de la totalité de son L. Comme le L d'un système est nécessairement sensiblement plus grand que le L de son espace informationnel, on voit qu'il serait indispensable, pour connaître complètement une autre personne, de disposer d'un L considérablement plus grand.

D'ailleurs, tout objet concret a un L indéfini, et on ne peut connaître que par une sélection appropriée de caractères, obtenue par une opération dite de dénotation.

Plus l'information obtenue ainsi est faible par rapport au L de l'objet, plus il est en quelque sorte trahi par la dénotation, et l'on peut dire qu'à image égale, un objet plus riche est plus trahi qu'un objet simple. (Mais pour transformer cette affirmation générale en une mesure précise, il faudrait un gros travail de modélisation).

Finalement, à se placer sous cet angle strictement quantitatif, il faut conclure qu'une connaissance complète de l'autre m'est tout à fait inaccessible, et que l'on pourrait même s'étonner que nous arrivions à ce minimum qui permet la communication la plus élémentaire.

Il faut donc étudier la questions sous un autre angle : la conformité.

La conformité

Extensions

réalisme : problème d'explicitation, species exprerssa. quand on allonge la chaîne. Le jeu conceptuel prend son autonomie (Saint Anselme). Ce système est ouvert. Impossibilité de faire un système complètement fermé.

Un modèle prouve bien quelque chose, affirme bien quelque chose, par sa cohérence. Un peu comme un théorème de maths. il peut montrer que d'autres possibilités sont exclues.

Mais je ne peux pas arrêter là ma réflexion sur ce qui est vrai. Je dois pouvoir le partager avec l'autre.

Deux solutions:

- réalité externe de l'objet, devenu perceptible à l'autre, bien que sous un angle différent, le "fait objectif";

- possibilité pour l'autre de se placer à mon point de vue; dans ce cas la réalité objective n'est plus nécessaire. Mais qu'est-ce que cela implique, que l'autre se mette à ma place, ce qui peut se faire physiquement on en passant dans un domaine où la co-spatialité ne fait pas problème. Le monde du symbole (donc, la cinquième dimension va servir aussi bien au jeu pour me créer de nouveaux espaces qu'au partage pour pouvoir vivre la même chose).

Mais il y a d'autres implications. Même physiquement, il faut un moyen de repérage de l'endroit où j'étais, pour m'assurer que l'autre s'y place. Comme il faut, pur y venir, qu'il l'ait vu d'un autre endroit, il a bien fallu que cet endroit ait une réalité objective.

Si je passe par les symboles, ceux-ci doivent pouvoir être transmis physiquement et il faudra bien en admettre la réalité de cet objet physique.

On est donc au moins obligé d'admettre l'existence réelle d'un moyen entre l'autre et moi, que ce moyen soit un lieu, une procédure ou un message. Le partage ne serait pas possible s'il ne préexistait à son explicitation. Avec l'autre homme comme avec la machine.

On pourrait dire que la différence entre systèmes concrets et abstraits se manifeste précisément ici.

Pour rendre compte des états d'un système concret, je peux toujours prendre de nouveaux descripteurs et, au moins en principe, allonger indéfiniment le nombre de bits. A l'inverse, un système abstrait se caractérise par un nombre fini de descripteurs (et de valeurs possibles dès qu'on les exprime numériquement).

La prévision

Utilité de la systémique pour prévoir. Figure 21.

On peut chercher à éclairer de ce point de vue les conséquences de la science, ou de la prévision sur notre liberté. Toute nouvelle découverte ou loi scientifique apparaît en général dans un premier temps comme une réduction de L, remplaçant l'aléatoire par le certain, et plus généralement introduisant des contraintes qui réduisent l'équiprobabilité. Ainsi, le progrès de la science est-il perçu comme un recule pour

La foi, la transcendance.

Mais, dans un deuxième temps, on s'aperçoit que les nouvelles lois découvertes enrichissent mon univers de différences nouvelles, auparavant imperceptibles, donnent des significations à certaines précisions de l'observation, jusque là inintelligibles (gain sur les bits de droite), me donnent de nouveaux moyens d'action pour agir et donc pour échapper à des déterminismes jusque là incontournables (gain sur les bits de gauche).

On peut en dire autant de la prévision et de la prospective. Et lever ainsi les paradoxes du destin ?

Cela introduit à une question difficile, mettant en cause l'intérêt de L : deux états de conscience différents sont-ils vraiment deux états différents?

Peut-on les mettre sur le même plan que deux changements d'états proprement dits ? Sinon, peut-on trouver une méthode de pondération ? Histoire du mendiant qui paie avec le bruit de ses pièces.

Ne pas se contenter de minimiser l'écart a posteriori, mais y compris a priori. revient peut être à faire une première boucle entre les entrées et un modèle. On peut imaginer un système qui chercherait à maximiser la "quantité d'inattendu", le sens de toute information qui arrive.

sur un bit. ex. on considère que j'ai gagné soit n le nombre de bits de la loi.

soit x% le nombre de bits prévus

50% étant le minimum

un phénomène réel a en partie une loi, en partie aléatoire.

icono 238

on devrait pouvoir montrer que le modèle cybernétique (rétroaction) comporte en fait une hypothèse de prévision. au moins sur le délai de correction, on admet que les entrées bougeront pas trop vite.

si on arrive pas à contrôler, c'est qu'il y a excès de complexité des entrées, au moins de complexité dynamique. renvoie au principe d'Ashby il faut distinguer le cas où on dispose effectivement de la loi prédictive du cas où il faut la trouver par apprentissage

le cas de pi et autres irrationnels montre bien que l'on peut définir des objets abstraits qui, sous certains aspects, ont une complexité infinie

Divers

Point de saturation des systèmes de représentation. Voir Atlan sur modèles (page 125).

Les fantaisistes : Louis Bec, zoosystémicien. Voir l''article de Thibaudat.

9.2. Comment en faire

Valeur pratique comme une sorte de thesaurus/sémantique générale autour des concepts généraux en tous genres. Catalogue de formules et de relations de concepts. de types abstraits. Aide à la cogitation, à la créativité.

Repérage de points creux, dangereux. Important qu'elle soit quantitative.

Formalisation. Un théorème, c'est un pré-automate.

ON est à un niveau de formalisation moins fort, en maths, donc il faut formaliser encore un peu pour aller à l'automatisme. Mais déjà le quantitatif est un pas.

Pourquoi ?

Montée de l'objet dans son ensemble. Montée de l'individualité elle-même. degré global d'organisation.

Concrétisation de Simondon. Explicitation de la finalité. Déplacements spatial/durée temporelle.

Introduction de parties mobiles. Spécialisation et organisation des grandes fonctions. réceptes pour parler, conseiller les gens veulent des recettes, pas un maître. Ils ne veulent pas se remettre en cause. l'autre voudrait du directement assimilable. Il veut me manger, manger des morceaux de moi. des organes déconnectés.

une forme d'objectivation

... ...(stellar) models whose validity ultimately

depends on how well they fit the observations. All such models must fulfill a basic requirement -namely, they must satisfay the fundamental laws of physics and the conditions of equilibrium". Paolo Maffei, The Universe in Time. MIT Press 1989.


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