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"L'époque actuelle est donc avant tout... celle où, avec une rapidité prodigieuse, les engins de transport mécaniques se sont substitués aux chevaux, où les avions ont commencé à se faire leur place, où le monde entier a cru nécessaire de se relier par T.S.F. au postes de la Tour Eiffel, de Langenbreg ou de Daventry, où le cinéma a tué le théâtre, où ont sévi la crise des domestiques et celle des logements. Ajoutez, dans nos logis, la généralisation de l'éclairage électrique, du chauffage central, du téléphone et des ascenseurs qui sont déjà des vieilleries" [De Launay]

"La grande prétention moderne est d'introduire à toute force la science là où elle ne devrait tout au moins intervenir qu'avec une extrême prudence, dans la littérature, dans l'art, dans le philosophie, dans la politique" [De Launay]

"Le réalisme d'un Zola, le cubisme et le pointillisme, la théorie des milieux d'un Taine, l'évolution littéraire d'un Brunetière, le comtisme, le marxisme sont des essais déjà anciens pour ramener toutes les opérations de l'esprit, tous les raffinements du sentiment et du goût sur le plan unique de la science. Cela donne facilement un air sérieux à une fantaisie. On veut admirer chez les Grecs, non l'instinct génial qui leur a fit trouver le secret des lignes harmonieuses, mais la codification que l'on peut en donner par l'algèbre. On n'est satisfait que lorsqu'on a réussi à mettre le Parthénon en équations et à reproduire automatiquement la Sonate pathétique par un agencement de mécanismes sans intervention nouvelle de l'esprit humain: donc sans initiative et sans beauté" [De Launay]

3.2. Transports.

"Le premier de ces besoins est... celui du déplacement, de la vitesse; on veut à tout prix éliminer l'espace et le temps qui, cependant, donnent seuls quelque intérêt au monde extérieur en manifestant sa variété. Je ne crois pas qu'à aucune époque l'homme ait éprouvé un tel besoin de remuer pour remuer, indépendamment de toute raison d'affaire ou de plaisir" [De Launay]

"L'automobile a pris, dans les dernière années, une extraordinaire importance. Elle est l'une des très rares marchandises dont le prix ait sensiblement baissé depuis la guerre". [Dautry]

"Beaucoup d'automobilistes sont préoccupés de la gêne et du danger que le poids lourd à grande vitesse présentera bientôt sur nos route, surtout dans les contrées touristiques" [Dautry]

machine à dicter, (sur rouleaux de type phonographique

sténotype (Grandjean)

"Nous ferons une distinction entre les machines à calculer et les machines comptables, quoique ces dernières fassent aussi les calculs. Nous réserverons le nom de machines à calculer à celles sur lesquelles on lit le résultat d'une opération, ce résultat devant être ensuite transcrit sur un document

"Les machines à calculer exécutent aujourd'hui toutes les opérations arithmétiques, addition, soustraction, multiplication, division, règle de trois, extractions de racines, etc. Certaines, dont la fabrication n'a d'ailleurs pas été industrialisée, exécutent même des calculs algébriques". [Ponthiere]

"Nous dénommerons appareils et machines comptables ceux qui permettent d'inscrire directement sur un document à la fois des lettres et des chiffres.

"Dans ses actes essentiels, la comptabilité consiste à reporter une opération sur plusieurs comptes. Tout dispositif permettant d'exécuter d'une seule fois au moyen de carbone l'inscription au journal et les reports aux comptes simplifiera le travail comptable et supprimera le risque d'erreur à la

Programme enregistré en mémoire (Busch, 1931)

1937. Mark I à Harvard. Aiken

1937. Sommatrice binaire (Stibitz), pour la Bell Telephone

1940. Georges Stibitz et Samuel Williams conçoivent (selon Ettighoffer) la première machine à calculer électromécanique "calculateur à nombres complexes".

Les synchros

"La synchronisation consiste essentiellement dans la conjugaison d'une ou plusieurs machines réalisée de telle façon que les diverses fonctions de ces machines s'effectuent simultanément. C'est ainsi que dans la Synchro-Madas, par exemple, le seul fait de poser un chiffre ou un nombre sur le clavier de la machine à écrire (ou comptable) synchronisée avec une machine à calculer, inscrit ce chiffre ou ce nombre simultanément :a) sur le document qui se trouve placé sur le rouleau de la machine à écrire; b) dans un ou plusieurs compteurs placés sur la machine; c) et l'enregistre dans la machine à calculer.

"Un nouveau genre de synchronisation vient d'être créé: la Sélectric. Dans ce nouveau genre de machine, non seulement toutes les opérations de calcul sont automatisées, non seulement le nombre de totalisateurs est illimité, mais encore tous les résultats arithmétiques s'inscrivent d'eux-mêmes sur le document à confectionner ou sur la carte perforée par simple frappe des touches de la machine à écrire".

Les ensembles a cartes perforées [Carmille].

"La machine à statistiques est, avec quelques modèles de machines à calculer, la merveille du machinisme au bureau"

"Elle est même un instrument de comptabilité. L'auteur de ce livre avait signalé cette particularité dans un article publié il y a une douzaine d'années (voir Mon bureau, Aout 1921), mais le idées font lentement leur chemin"

"Il y a quelques centaines d'installations de machines à cartes perforées en usage en France contre environ 20 000 aux Etats-Unis. Il est nécessaire, pour amortir le prix de ces machines, de les faire travailler au maximum et par conséquent de les appliquer à toutes les opérations dont elles sont capables. Moyennant quoi leur productivité devient prodigieuse"[Ponthiere]

Depuis 1935 au moins, nombreux types de machines à adresser,

machines à affranchir. Agrafeuses: petits modèles de bureau

1940. Peirce différencie: indices, icones, symboles

1940. Le manuel technique d'un avion de chasse comprend 1000 pages

4.5. Réseaux.

Binaire. Morse, télégraphe. En septembre 40, télé-calcul à partir d'un téléscripteur au Dartmouth College (400 km)

(Sous le titre "Appareils de transmission de la pensée")

"La plupart des déplacements autrefois nécessités dans les bureaux par les échanges d'avis et de renseignements sont aujourd'hui supprimés par le téléphone privé.

"Certains téléphones privés permettent les conférences entre plusieurs interlocuteurs. D'autres sont même munis de haut-parleurs.

"La correspondance de service à service peut être également assurée par des appareils téléscripteurs. Un texte "frappé" sur un poste d'émission est écrit par un poste de réception. Les messages peuvent être aussi transmis par tube pneumatique, qui sont des appareils transporteurs" (il cite aussi des systèmes à rail [Ponthiere]

Image fixe. Le bélinographe déjà bien implanté [Aisberg]

"Le problème de la transmission de l'image est aujourd'hui très vaste; il importait d'observer une classification précise et de bien définir les propriétés fondamentales auxquelles font appel les diverses solutions" (Edouard Belin, dans sa préface à [Aisberg].

Image animée

1930. [Aisberg]

1935. Télévision aux Etats-Unis. Première émission de télévision à la Tour Eiffel

1939. Inauguration de la Télévision Française (60 lignes). Servir notamment à distraire les soldats allemands dans les hôpitaux

LA TELEVISION

Le 31 mars dernier, une présentation de la télévision française d'Etat fut organisée dans la salle du théâtre des Ambassadeurs. Elle fut précédée de trois allocutions: la première du ministre des P.T.T., la seconde de M. Jean Perrin, de l'Académie des Sciences, la dernière de M. Marcel Prévost qui préside la section littéraire du Conseil supérieur de Radiodiffusion. Voici le texte de cette dernière allocution.

Monsieur le ministre des P.T.T. et mon célèbre confrère, le professeur Perrin, ont traité, tous deux, avec une précision et une clarté que j'admire, le problème de la Télévision française au point de vue technique comme au point de vue social. De ce côté, ils ne m'ont réellement laissé rien à dire qui puisse valoir ce qu'ils ont dit.

D'autre part, s'il est vrai que, dans un passé lointain, j'ai entretenu quelques relations polytechniciennes avec la mathématique et la physique, mon rôle, à la radiodiffusion, est aujourd'hui strictement littéraire, et vous ne serez certes pas étonnés qu'après les lumineuses considérations savantes et pratiques que vous venez d'entendre, je veuille insister surtout sur le domaine, -comment dire ?- émotif et psychologique que la télévision est appelée à conquérir à travers le onde. Non seulement en lui procurant un divertissement nouveau, d'une qualité exceptionnelle, analogue par exemple, à celui qu'a inauguré le cinéma mais en atteignant l'être humain au delà de ses réceptivités physiques et en exerçant comme une intervention soudaine, magique, au plus profond de sa sensibilité.

Toutes les trouvailles de cet ordre, notons le, avaient été réalisées antérieurement, dans un but purement utilitaire: faciliter les échanges et, pour cela, réduire le temps que la distance oppose à cette facilité. Pareille réduction, l'homme primitif l'a demandée d'abord à l'allure accélérée de sa marche, puis à la vitesse de sa monture, au vent qui gonfle les voiles.

Sa parole avait utilisé le porte-voix; il avait allumé sur les collines le feu des signaux. Mais, notez-le bien ! à partir d'une date, déjà lointaine, ces réalisations n'ont progressé que lentement. On peut dire sans paradoxe que Louis XIV n'avait à sa disposition, dans cet ordre d'idées, que le matériel et les moyens des rois mérovingiens: perfectionnés, embellis surtout, mais, au fond, les mêmes.

C'est le XIXe siècle, surtout dans ses vingt dernières années, qui amorça les prodigieux résultats du présent. Aviation, téléphone, navigation sous-marine, etc... Tout cela, la fin du XIXe siècle en légua au XXe non pas seulement l'idée, mais une réalisation partielle. Au siècle héritier, le nôtre, était réservé par le destin un achèvement presque intégral.

Notre siècle avait trouvé dans l'héritage du précédent la possibilité d'une communication jugée prodigieuse: le texte d'une pensée humaine pouvait se transmettre, dans un délai assez rapide, d'un point du globe à l'autre! Mais déjà c'était trop peu pour le génie moderne. La froideur et la concision télégraphiques ne suffisaient plus. Dans la littérature du passé, ombien de fois déjà l'être humain s'est plaint de ne recevoir la pensée des absents que figée, glacée sur une page ? L'aspiration du monde vers la parole à distance fut bientôt trop pressante pour ne pas activer le génie des inventeurs.

Un jour vint où non seulement la pensée, mais la voix humaine surmontèrent l'espace. Il faut reconnaître que cette réalisation fut extraordinairement rapide. Ce qui était de bon augure pour les problèmes encore non résolus. Ceux-ci, la science les attaqua tout aussitôt.

Le premier problème qu'elle attaqua, je vous prie, chers auditeurs, de considérer qu'il était tout à fait nouveau, profondément différent des autres, vraiment insolite. Les réalisations précédentes avaient, avant tout, je vous l'ai signalé, un objet utilitaire: transmettre à distance, par la voix même, des informations pratiques.

Cela accroissait le bien-être général, facilitait les échanges, diminuait le danger des catastrophes: en somme cela améliorait les conditions de vie dans la guerre comme dans la paix. Pratiquement, cela suffisait. Un négociant, traitant des affaires au téléphone, n'a pas un besoin absolu de voir la figure du correspondant. Pareillement, un général qui transmet un ordre aux avant-postes... Et puis... mon Dieu ! accessoirement, la vie sentimentale pouvait profiter de cette communication matérielle pour échanger... des propos de sentiments, voire d'amour. Entre gens qui s'aiment, c'est déjà quelque chose que de s'entendre, si on ne peut se voir. Mais un poète latin l'a dit dans deux vers célèbres: bien moindre est l'émotion transmise par les oreilles qui celle qui atteint les yeux. La télévision allait réaliser ce miracle. Désormais, ainsi que l'oreille entendait, malgré la distance, les yeux, à travers l'espace immense, verraient.

Tout à l'heure, on vous a expliqué clairement l'admirable mécanisme de cette réalisation. Moi, c'est du point de vue de ses conséquences intellectuelles et psychologiques que j'ai préféré vous entretenir. J'insiste d'abord sur ce fait capital: par la télévision, c'est la première fois que la science apporte aussi directement à l'humanité non seulement un divertissement merveilleux, mais un tel pouvoir d'enrichissement de l'esprit et une telle source de joie morale.

Je m'explique: Sur le bienfait intellectuel, inutile de discourir. Deux mots suffisent: cette suprême découverte nous annexe l'univers. le sens du mot voyage est changé: c'est le monde extérieur qui se déplace, vient à nous, s'arrête devant nous. Un écolier - quand la télévision scolaire sera définitivement accomplie - aura fait plusieurs fois le tour dumonde... à l'âge de dix ans.

Mais ce n'est pas seulement l'esprit humain que la télévision élargit et enrichit, comme par un effet magique. Elle apporte à l'humanité une capacité nouvelle de joies morales. Sans vaine sensiblerie, osons dire que, désormais, ce mot "séparation" n'aura plus le même sens qu'autrefois. La vue d'une mère séparée de son fils ne sera-t-elle pas transfigurée si, au cours de la séparation, non seulement elle peut entendre la parole de l'absent, mais elle le voit lui parler ?

Ne croyez pas, chers auditeurs, que j'exagère ou que j'anticipe sur un avenir hypothétique, et que je prenne des possibilités pour des réalisations. Dès à présent, dans deux grandes villes allemandes, distantes d'environ mille kilomètres, des cabines publiques de télévision sont installées, et les interlocuteurs se voient, comme ils s'entendent. On peut donc prévoir qu'en France, dans un avenir prochain, on aura chez soi l'appareil télévisuel voisinant avec le téléphone. Et, très vite, ce prodige couvrira le monde. Or, c'est vraiment autre chose, j'y insiste, de voir que d'écouter. Notre parole humaine se détache, pour ainsi dire, de nous quand nous la confions au téléphone; mais c'est nous-mêmes que la télévision rendra présents et vivants, à des milliers de kilomètres, pour les regards anxieux qui nous cherchent.

Voilà pourquoi, chers auditeurs, je vous convie aujourd'hui non seulement à admirer le côté pratique utilitaire instructif ou divertissant de la télévision, mais surtout ce qu'elle contient de possibilités et de satisfactions psychiques, ce qu'elle apporte de purement spirituel, de purement idéal pour accroître le bien-être humain.

Non seulement une commodité, une facilité, une distraction, mais une puissance de réconfortante émotion; osons dire le mot: une puissance de bonheur. L'absence est le plus grand des maux, roucoule l'un de ces deux voyageurs ailés qui (nous dit La Fontaine) s'aiment d'amour tendre. Eh bien ! nous célébrons aujourd'hui la suprême défaite de ce "plus grand des maux".

Rendons à ce propos hommage à la science. A travers les âges, elle a poursuivi sa tâche bienfaisante. D'abord, elle permit à l'absent d'exprimer instantanément sa pensée; puis ce fut sa parole... Bientôt, vous tournerez un bouton magique, et l'absent surgira devant vous. Regardez-le: il vous sourit, il vous parle, et les mots (qu'un autre miracle scientifique vous apporte), vous voyez sa bouche les articuler.

Mesdames, messieurs (laissant systématiquement à part le domaine scientifique), j'ai tenu à vous découvrir cet autre émouvant aspect de la télévision, sa force élargissante sur notre esprit, son action bienfaisante sur la sensibilité humaine, son rôle comme instrument d'apaisement moral et de joie.

Dernier acte de la science contemporaine, elle vient, aboutissement magnifique, de supprimer "l'absence".

Marcel Prévost, de l'Académie Française.
C'était le 31 mars... 1939. Texte paru dans La Revue de France du 1er Mai de la même année.

DU CINEMA ET DE LA TSF

(Chapitre XXVI de [Simart])

Ces deux créations de l'esprit humain que notre génération voit s'épanouir et s'étendre avec quelque effarement, sont d'une importance inégale quand à l'évolution de l'art. La transmission par ondes, à distance, des paroles et des mélodies, on peut dire qu'elle ne modifie en rien l'essence de la poésie et de la musique, pas plus que ne le ferait un procédé nouveau de gravure ou d'impression. On a multiplié les auditeurs, mais leurs oreilles n'ont rien entendu d'inédit, du moins jusqu'ici.

Tandis que le cinématographe, par les trucs de sa technique, par la réalité du paysage substitué au trompe-l'oeil du décor peint, par l'ampleur donnée à l'action et la possibilité de faire leur place aux rêves les plus fous, aux abstractions les plus symboliques, le cinéma a permis l'édification, à côté de l'ancien théâtre, d'un art absolument nouveau, avec ses moyens et son but propres.

Mais du point de vue social, les deux inventions quasi simultanées concourent à un résultat commun. Elles partent d'un même principe, qui est de centraliser la production pour la répartir ensuite, principe moderne qui permet d'obtenir mieux meilleur marché. Une multitude de petits théâtres ne pouvant donner que de piètres représentations remplacées par un seul studio gigantesque, armé formidablement, affectant une fortune à la radiation du rêve d'un poète, et qui répand ensuite son impeccable production jusqu'aux moindres bourgades: voilà l'essence du cinéma, socialement parlant. Le morceau de piano tapoté naguère, à la même heure, dans cinq cent mille salons de France, par la demoiselle de la maison, remplacé par l'exécution d'une symphonie de Beethoven, avec deux cent cinquante musiciens, en un auditorium central et livré à tout l'univers, voilà la T.S.F.

Sous cet angle de taylorisation, de communisme, ces nouveautés valent d'être considérées ici, car, de simples amusettes qu'elles furent, les voici devenues véritables centrales d'énergie, accumulateurs de jouissance et, comme telles, en passe de modifier la structure des sociétés modernes.

Ainsi, on a parlé du dépeuplement des campagnes, de l'urgence d'un retour des hommes à la terre: question fort grave, préoccupation instante, en effet. Les travaux des champs, qui sont les plus directement conditionnés par les phénomènes naturels, demeurent toujours les plus pénibles, quelques progrès qui puissent y être apportés mécaniquement. Quand il pleuvra et qu'il faudra rentrer les foins, à toutes les époques du monde il faudra se mouiller, tandis que le camarade de l'usine aura les pattes au sec. Ces dernières années, la différence de traitement, de capacité de vie, de confort, était encore aggravée par la centralisation urbaine de toutes les distractions, notamment les théâtres, les concerts, les bals. Si l'on y joint la différence considérables qui existait dans le logement et dans l'alimentation, on n'a point à chercher ailleurs la raison de la ruée des gars campagnards vers les usines de la ville, dès le sortir du régiment. Car la question salaire est au second plan; on dépense à la ville en proportion de ce qu'on y gagne et, au bout de l'an, ce n'est pas aux mains du citadin bien payé qu'il reste le plus d'argent. Mais au moins, songe-t-il, il a vécu, vécu une vie amusante, tandis que le rural s'est décroché la mâchoire à bailler, les jambes lasses et l'esprit inactif, sitôt le soleil tombé à l'horizon.

Le cinéma et la T.S.F. y peuvent-ils quelque chose?

Vraiment, ils viennent au bon moment. Le dépeuplement des campagnes, nous y remédions encore grâce aux races prolifiques, italienne ou polonaise, qui essaiment par le monde, mais dans quelques décades, ou dans quelques siècles, ce pouvait être la catastrophe. Voit-on l'homme mourant de faim faute de sucre, de ris ou de blé, au milieu ses admirables mécaniques?

Le cinéma et la T.S.F., bien qu'encore dans l'enfance, apportent au village une possibilité de vie nouvelle. Dès aujourd'hui, un grand film qui a coûté un demi-milliards, où s'entassent pour la joie des yeux les reconstitutions magiques, les figurations hallucinantes, les plus jolies filles, les plus beaux athlètes, est à la portée de la petite vachère aussi bien que du raffiné de la capitale.

Mieux même: sans bouger de la ferme, le soir venu, les gens du labour s'assemblent sous la grange, et le haut-parleur récite pour eux les Perses, d'Eschyle, accompagnés des bruits de la foule athénienne. Si quelque finesse trop hellénique leur échappe, la grandeur du tragique les pénètre et leur âme s'en émeut profondément. Les nouvelles, glanées d'un champ de l'Univers à l'autre, ils les apprennent en même temps que quiconque. Les plus voluptueux airs hawaïens, le dernier tango de New-York sont pour eux. Enfin, s'ils le veulent, la plus divine harmonie leur est prodiguée, et le lendemain matin, menant les bêtes, le garçon de ferme siffle machinalement du Schubert ou le Printemps de Mendelssohn...

Le cinéma, la T.S.F. ! Plus on pense à ces deux créations humains, moins on se sent le droit d'en parler avec assurance. Il faut être charlatan pour disserter de l'avenir d'un enfant au maillot. que nous donneront ces inventions effarantes? Effarantes pour nous seuls, d'ailleurs, qui nous souvenons d'un temps où elles n'étaient point, car pour nos fils elles font partie intégrante de leur vie quotidienne et normale. Ils ne s'en émerveillent pas plus que nous, enfants, des chemins de fer et de la lumière du gaz, qui pourtant...

J'entends dire que, de tous ces progrès, il pourra sortir beaucoup de mal, qu'ils seront de faciles instruments aux propagandes les plus néfastes. On augura autant de l'imprimerie, à ses débuts. Or, la liberté même de la publication de la pensée a fait qu'un livre annule l'autre et que le public a eu tôt fait de développer son sens critique. Ainsi en sera-t-il, espérons le, de la propagande par le film et par la radiodiffusion. Déjà, le peuple, qui a appris à se méfier, n'avale pas béatement tout ce qu'on lui présente. Quand un récit est manifestement tendancieux, trop bien arrange en faveur d'une cause quelconque, il a un clignement d'oeil: c'est du ciné! dit-il en créant un mot, selon son habitude.

L'enseignement ne sera-t-il pas lui-même entraîné, par ces deux merveilles jumelles, vers des solutions pédagogiques plus efficaces que les nôtres? Tant vaut le pédagogue, tant vaut la pédagogie, peut-on dire. C'est l'homme, en définitive, au-dessus de tous les programmes, qui fait les élèves bien ou mal

instruits, bien ou mal orientés. Peut-être paraîtra-t-il judicieux à nos descendants de diffuser sur tous les étudiants d'une région le cours magistral d'un grand professeur? Et chacun a déjà pensé à la rapide ouverture d'esprit que créeront chez les bambins les projections cinématographiques, quand, ayant acquis une importance officielle, elles ne seront plus seulement un maigre complément au cours, négligé comme une amusette ou accordé comme une récompense.

Le cinéma et la T.S.F. ! Nul n'eût osé en concevoir la croissance à ce point accélérée. L'industrie du film, non pas dans cent ans mais demain, est la première du globe, par ses milliards investis et ses billions et ses trillions d'argent roulant.

Songez-y, et qu'il y a trente ans rien n'existait de cette féerie grandiose, et que c'est un fait nouveau dans l'histoire de l'humanité qu'un divertissement prenne le pas sur les besoins les plus pressants de notre corps.

D'ailleurs, il est visible, pour ne parler que de l'art cinématographique, que nous commençons à peine à deviner ce qu'on en peut tirer. Des premiers films muets, la plupart furent ineptes, en ce qu'ils copiaient platement le théâtre: l'horizon des metteurs en scène, sauf quelques précurseurs comme Méliès, n'allait pas au delà de Rigadin pirouettant dans un décor de salon. Il en est encore ainsi, lors de chaque nouveau perfectionnement, dont ne comprend pas tout de suite les possibilités qu'il renferme. Eteint-ils assez pauvres et naïfs et ridicules, les premiers films sonores et parlants ! Et pourtant, cette merveilleuse mise au point permet de mêler à l'image des sons harmonisés, bruits de nature, bruits de foule, grand cri traversant la scène tragique comme une ligne de force acoustique!

Et la couleur? Au lieu d'ajouter simplement du verts aux arbres, ce que notre cerveau faisait sans elle, ne nous incitera-t-elle pas à composer, hors du développement strict de l'intrigue, de véritables tableaux animés, aux teintes orchestrées et vibrant comme une symphonie? Les dessins animés et sonores ne sont-ils pas une innovation effarante par quoi l'homme, pour la première fois, s'apparente au Démiurge, créant une vie plausible à cours d'irréel? Et ce que le génie scientifique de nos frères et de nos fils découvrira tantôt! En vérité, à quoi ne pouvons-nous rêver?

En tous cas, tels que sont déjà et le cinéma et la T.S.F., la vie quotidienne des sociétés peut être bouleversée par cette facilité dans la jouissance. C'est peut-être la mort des théâtres, et même de tous les autres établissements de spectacles, le jour où le cinéma sans fil joint à la radiotéléphonie nous permettra at home la vision et l'audition d'un spectacle complet.

On peut imaginer les conséquences les plus sérieuses comme les plus plaisantes. La T.S.F., ne sera-ce pas la mort des amateurs? la disparition des pianos supportant la partition jaunie de Poète et Paysan? Sans doute, mais il en résultera un relèvement des études musicales, car il faudra des virtuoses hors de pair aux auditoriums internationaux. Et les musiciens en acquerront peut-être un prestige grandi, une importance sociale nouvelle, une consécration bourgeoise...

De ce que nous apporter demain, nous ne savons rien. A chaque pas qu'il fait vers l'avenir, l'homme découvre un paysage insoupçonné. Ses plus sûres prévisions, la réalité les contrarie.

Je disais que le cinéma tuera le théâtre: rien n'est moins assuré. La T.S.F. a-t-elle tué le gramophone? Tout au contraire, elle a étendu le nombre des mélomanes, elle a donné le goût, le besoin, la passion de la musique à des gens qui vivaient sans s'en soucier et à qui désormais il en faut de toutes les sortes.

C'est un fait commercial reconnu que la vente des disques est croissante, et proportionnelle à la diffusion de la T.S.F. N'en soyons pas étonnés. Quant la navigation à vapeur est née, les marins se révoltèrent, craignant la mort de leur métier; or jamais il n'y eut tant de maris que de nos jours. Et l'imprimerie, qui dut navrer les copistes? Elle a créé un appétit de lecture tel que des millions d'individus sont, sur la surface du globe, occupés à composer des livres et de journaux qui n'eussent point vu le jour sans Gutenberg.

Ainsi le cinéma a peut-être simplement décuplé le désir de se distraire. Quelque populaire que fût le théâtre, c'était toujours une événement que d'y aller. Il se fallait habiller, et il était prudent de louer ses places. Sauf dans un certain monde d'habitués, on de décidait point impromptu de s'y rendre. Tandis que le cinéma est bon enfant. On contente tout de suite l'envie qui vous prend. C'est devenu une habitude de la vie la plus modeste avec laquelle le budget familial doit compter.

Il est certain que ces sorties fréquentes, dont la fatigue persiste jusqu'au lendemain soir, ne sont point propices aux jeux conjugaux. On est las, lorsqu'on se couche à minuit passé, las et rassasié. On n'a plus besoin de se distraire à la façon des simples dont c'était la seule joie. Il n'est pas douteux que Chariot et Marri Pickford ont empêché bien des enfants de naître.

Mais la roue tourne. La musique et les images par les ondes, chez soi, reconstitueront peut-être la famille, que le café-concert et le cinéma avaient contribué à débiliser. Quand, bientôt sans doute, on pourra tout voir et tout entendre de son fauteur, ou de son lit, on sortira moins de chez soi. Bien que, en vérité, il manquera toujours aux vrais amateurs le plaisir du déplacement et le ragoût de l'émotion collective. [Simart]

4.6. Méthodologies

A la base, Taylor revu par Fayol.

"A la base de cette science de l'organisation harmonique, nous avons placé l'oeuvre d'Henri Fayol, la Doctrine administrative" qui a exercé en Europe une large et bienfaisante influence. On peut regretter qu'elle se soit présentée sous forme de "doctrine. une sorte de dogme...

"Ce qu'il y a de passionnant dans les écrits de Taylor, c'est le récit vivant de ses travaux, l'exposé loyal de la façon dont il les a conduits, l'ardent souci de progrès humain qui s'en dégage, mais pour comprendre la philosophie et l'idée directrice de son oeuvre, il faut lire le lumineux commentaire qu'en a fait M. Henry Le Chatelier". [Ponthiere]

L'organigramme, décrit par Ponthière, tant comme description de l'organisation (avec la direction générale au sommet, comme il se doit), mais aussi comme description d'un processus (circulation de documents)

Objectifs de Ponthière: "Le bureau doit exécuter son travail: a) avec une dépense minimum; b)le plus rapidement possible".

Ecole d'application du Centre de préparation aux affaires.

Les graphiques, moyen de direction des entreprises [Satet)

Une méthode pour analyser rapidement une entreprise [Satet]

Jean Coutrot: Le système nerveux des entreprises. Delmas

Maurice Ponthière: "Le bureau moteur", Fonction et organisation des bureaux. Delmas

Inspiré de la mécanique (mécanographie)

"Le bureau moteur est dans l'entreprise une pièce de choix, une mécanique puissante et précise qu'il faut soigner, choyer, astiquer et tenir toujours en pleine forme" [Ponthière]

"Fabrique d'idées motrices" [Ponthière]

.

L'esprit de système contesté

"Tout ce qui tend à la systématisation de la volonté directrice leur paraît un abaissement" [Ponthière]

"Quand nous aurons poussé au maximum notre savoir expérimental, notre intelligence mécanique, les systématisations de la pensée, nous nous heurtons à des zones de ténèbres à travers lesquelles nous ne pouvons plus nous diriger qu'en faisant appel à nos intuitions". [Ponthière]

Mais aussi besoin de synthèse:

"Une théorie générale du bureau et de son activité est indispensable pour l'orientation quotidienne de celle-ci. Les praticiens ne sauraient trop regretter que la philosophie ait tellement négligé jusqu'à présent de diriger ses investigations vers les organismes travaillants et professé même un certain dédain pour leurs activités primordiales". [Ponthière]

Comparaison avec le système nerveux [Ponthiere]. Courants centripète et centrifuge.

Théorie générale de Ponthière:

"Les bureaux évoluent selon une tendance à prendre conscience de tous les mouvements de l'entreprise antérieurement abandonnés aux réflexes spontanés des exécutants. "La première opération du bureau est l'enregistrement des idées simples, la fixation par l'écriture de l'image d'une chose un d'un fait. L'évolution des bureaux tend à l'enregistrement de notions de plus en plus nombreuses et de plus en plus précises.

"Le bureau est un organe d'intelligence mécanique qui élabore mécaniquement des idées complexes par voie d'analyse, de synthèse, de comparaison et de toutes autres associations d'idées simples.

"Le bureau dégage les lois des activités de l'entreprise.

"Les bureaux évoluent dans le sens d'un accroissement des prévisions et des contrôles

"La volonté administrative est l'idée claire dégagée par les documents du bureau

"Les bureaux évoluent et font progresser l'entreprise en substituant des volontés conscientes aux réflexes inconscients

"Par leurs notations infiniment nombreuses qui élaborent l'idée complète et vraie, les bureaux évolués éliminent les actes inutiles et périlleux et déclenchent les actes dont le résultat est certain.

"Le dynamisme de l'idée administrative est mis en branle par la visualisation et la vision directe (par exemple, montré par feuille de contrôle à l'ouvrier)

"L'idée administrative n'est motrice que dans la mesure où toutes les parties de l'entreprise sont saines et rationnellement organisées.

Plus loin, il reprend sa théorie sous une forme plus concrète:

"Quelle que soit la fonction particulière d'un bureau, la vente, l'achat, la comptabilité, etc. tous les bureaux ont pour fonction générale d'animer et de régler une activité, et ils procèdent selon le cycle...

A. La perception des faits. Idée représentative simple et son enregistrement. Création du document.

B. Magasinage des documents, leur stockage dans la mémoire de l'entreprise selon les principes de la science du classement.

C. La combinaison des documents ou formation de l'idée administrative complexe.

D. La promulgation de l'idée motrice: visualisation et vision directe.

Abis. Contrôle ou nouvelle perception des phénomènes modifiés par l'idée motrice et recommencement du cycle sur les données anciennes si elles sont confirmées par le contrôle ou sur des données nouvelles fournies par le contrôle. "

Il précise:

"La décomposition de ce mouvement cyclique en opérations élémentaires n'est pas toujours apparente, notamment lorsque le fait initial déclenche à lui seul l'exécution conforme à ses données. (notamment dans un petite entreprise)... Dans un grand nombre de cas, au contraire, les différents temps du travail de bureau sont distincts et peuvent être étudiés séparément, comme nous allons le faire ici.

Ponthière insiste sur la symbolisation:

"Le langage des documents administratifs est donc un langage abrégé dont on élimine tous les termes qui ne sont pas rigoureusement indispensables. sigles, symbole composé de chiffres, ou de lettre et chiffres, et parfois un dessins

Il montre l'importance de "la colonne et la réglure" pour la qualité du travail administratif, et qui pour une part conduire au tableur.

La fiche.

Différents types de classement (alphabétique, numérique, alphanumérique, géographique, idéologique (...), décimal (hiérarchisé), chronologique.

Ponthière propose une méthode pour la conduite des études d'organisation.

Comment on améliore un standard

- observation du standard actuel

- analyse du problème

- documentation

- expérimentation

- mise en pratique du nouveau standard

- maintien du standard.

... on n'est pas si loin des schémas classiques du développement informatique

Puis, aménagement du bureau

- emplacement et distribution

- circulation et communication

- propreté, ordre, hygiène

- bruit

- air, chauffage, ventilation

- lumière (avec études de productivité en fonction de l'éclairage)

- conclusion: l'analyse et le plan d'aménagement

Considérations générales sur l'équipement de bureau (pour le détail, voir le chapitre "technologies de l'information". Cet équipement évolue "On peut résumer cette évolution en rappelant les principes qui l'ont dirigée.

Le principe de l'économie de mouvements apparaît surtout dans les appareils de transmission e la pensée orale et écrite: téléphone, téléscripteurs, transporteurs de papier.

Une grande économie de temps et de travail a été réalisée par les instruments qui ont totalement supprimé la copie manuelle: les machines utilisant les rubans et papier carbone, les duplicateurs.

Le principe de normalisation a joué un grand rôle, avec ses corollaires: mobilité, interchangeabilité, extensibilité.

Des réflexions réalistes sur le rendement. Par exemple: "Une machine dont les rouages sont très agiles peut comporter de la part de l'opérateur des opérations accessoires qui lui font perdre le bénéfice de la perfection mécanique". Cependant "Le rendement d'une machine de bureau est parfaitement mesurable".

Notes sur la "liquidation des documents". [Ponthiere]

"La multiplication du travail administratif et le foisonnement des documents porte avec soi un danger de désordre, d'encombrement, d'engorgement, de lenteur. Le péril n'est pas imaginaire; il n'est pas négligeable.

"Un document peut se trouver en trois endroits: sur la table de travailla, au classement, aux archives. Enfin, il peut surement et simplement être détruit.

Parmi les règles indiques, notons "En fin de journée, il ne restera aucun papier sur la table, et à plus forte raison sur les chaises et rayons avoisinants".

1935. Le Larousse Commercial [Clementel] a un article "analyse du travail"

1936-38-42. Carmille

(normalisation: déjà format commercial 21x27, et normes Din)

En 1935 existe:

Cnof

Chambre syndicale de l'organisation commerciale

Chambre syndicale de la mécanographie

et deux expositions annuelles:

- Salon de l'organisation commerciale (en automne, par chambre syndicale du même)

- Hall du bureau moderne, à la Foire de Paris

4.7. Applications

"Ce qui caractérise l'industriel moderne, c'est de vouloir et de savoir mesurer ce qu'il reçoit, ce qu'il utiliser, ce qu'il laisse perdre, de manière à établir son bilan final dans un esprit rigoureusement économique" [De Launay]

Recensement

1936. Feuilles de paie mécanographiques chez LMT

Carmille: stocks, paie, facturation pour le applications de production, Ponthière insiste plutôt sur les machines a adresser:

"Parmi ces applications citons: la sélection (échéances, abonnements), l'établissement des listes (salaires, comptabilités stocks), l'impression des lettres personnelles avec l'adresse du destinataire et la signature (publicité directe), l'impression d'une texte d'imprimerie en même temps que le texte individuel (quittances, gandes),e etc.

Parmi les monographies publiées par Delmas, qui en fait la publicité dans [Ponthiere]

- Magazin général des matières de St-Pierre des Corps, de la Cie du P.O.

- L'organisation scientifique aux usines de boites métalliques des établissements J.-J. Carnaud et forges de Basse-Indre

- L'organisation scientifique à la société des hauts-fourneaux, forges et aciéries de Pompey

- L'organisation scientifique à la Compagnie générale électrique à Nancy

- L'organisation scientifique à la Compagnie des mines de Vicoigne, Noeux et Drocourt

- L'organisation scientifique à la société des Chantiers et ateliers de St-Nazaire-Penhoët

- L'organisation scientifique dans les Grands ateliers de locomotives de la Compagnie du chemin de fer de Pris à Orléans

- L'organisations scientifique à la société anonyme des hauts-fourneaux, forges et aciéries de Denain et d'Anzin et à la société anonyme des établissements Neu

- L'organisation scientifique à la société française des constructions mécaniques Anciens établissements Cail, à Denain

- Réorganisation du garage des Galeries Lafayette (par Paul Planus)

- L'organisation scientifique à la société anonyme des Forges de Strasbourg

- L'organisation scientifique aux Grands moulins de Strasbourg

- L'organisation scientifique à la Société de transbordement au port de Strasbourg (S.T.A.P.S.).

4.8. L'EIS vu par Ponthière

C'est le chapitre de conclusion de son oeuvre. Passionnant.

LE BUREAU SUPREME DE L'ADMINISTRATION GENERALE

Le principe de l'exception

Par ses enregistrements, ses triturations, ses visualisations, le travail administratif projette ses idées motrices à tous les échelons de l'entreprise. Il anime l'atelier, les transports, les fournisseurs, la clientèle, la caisse, par la vertu directe de ses documents provoquant partout des réflexes. Mais, en même temps, ses perceptions et ses idées montent d'échelons et échelons, filtrées, épurées, simplifiées, jusqu'au bureau suprême de l'administrateur ou directeur général.

La fonction d'administration générale, nous l'avons ainsi définie: tracer la politique de l'entreprise, établir les directives générales, examiner les documents de toutes sortes pour arrêter son attention sur toute affaire exceptionnelle et d'importance capitale.

Tel est du moins l'effet d'une correcte organisation administrative: après qu'il a établi les directives, le bureau suprême n'est plus saisi que des faits exceptionnels qui troublent l'exécution de ces directives, soit par un désordre accidentel de l'organisation interne de l'entreprise, soit par une réaction imprévue de l'ambiance.

Tel est le "principe de l'exception", loi d'une saine direction. Une direction malsaine est hypocondriaque. L'hypocondre est anxieux. Il écoute et compte les battements de son coeur, il palpe son estomac, considère d'un air navré la couleur de sa langue; il est inquiet de rester sans nouvelles de ses reins, de son foie, de sa rate; ses poumons n'ont ils pas quelques lésions? Il lui faut tout savoir de ce qui se passe en lui-même et ne rien ressentir de fâcheux qui lui semble le présage d'une maladie qui couve.

La nature prévoyante nous a pourtant dispensés de ces alarmes. Elle a réglé une fois pour toutes le fonctionnement de nos organes et nous a enlevé l'effroyable souci que nous donnerait chacun d'eux si nous devions prendre sans relâche conscience de leurs mouvements innombrables. Il nous suffit d'être informés par la douleur ressentie en un point quelconque qu'il y a là quelque désordre auquel il faut parer.

Beaucoup de chefs d'entreprise et de chefs de service souffrent d'hypocondrie. "C'est un spectacle commun quoique un triste spectacle, dit F. Taylor, que de voir le directeur d'une importante affaire embourbé dans son bureau au milieu d'un océan de lettres et de rapports sur chacun desquels il pense que son devoir l'oblige à poser sa signature ou son cachet. Il a la sensation que, grâce à ce flot de détails qui coule sur sa table, il se tient en contact étroit avec son entreprise entière.

"Le principe de l'exception est exactement le contraire de cela. S'il s'en inspire, le directeur recevra seulement des rapports sommaires faisant toujours apparaître les données comparatives, mais relatifs néanmoins à toutes les activités. Il est même désirable que ces rapports sommaires soient d'abord examinés avec soin par un secrétaires qui souligne les exceptions aux résultats normaux et aux règles établies, aussi bien les exceptions heureuses que les défaillances accidentelles. Ainsi le chef prend en quelques minutes une complète connaissance des progrès réalisés ou des accidents constatés et garde son temps libre pour considérer les grandes lignes de son administration et pour étudier le caractère et les aptitudes de ses collaborateurs principaux."

Le principe de l'exception est le principe supérieur du contrôle. S'il n'est pas toujours observé, cela tient quelquefois à l'hypocondrie du chef, à la méfiance maladive qui assombrit sa pensée, mais bien plus souvent encore à l'absence d'organisation, de règles définies et de prévisions étudiées.

Faute de règles et de prévisions, il est impossible de savoir si un résultat est normal ou s'il est exceptionnel. La règle et la prévision demeurant confuses dans le cerveau du chef, lui seul est en mesure d'apprécier le résultat; il est positivement contraint d'examiner personnellement chaque détail pour le comparer à la norme flottante qui n'est qu'en son cerveau. Il gaspille ainsi le temps le plus précieux de toute l'entreprise, son propre temps de chef. Il n'est plus qu'un employé payé trop cher.

Au contraire, si la règle et la prévision sont fixées en forme de document de bureau, la comparaison devient à la fois possible et facile pour tout le monde, et les employés du contrôle sont en mesure de remplir leur tâche.

S'il s'agit, par exemple, de contrôler les crédits, il est nécessaires de fixer à la fois le montant du crédit qui peut être accordé à chaque client sous peine de dépasser sa solvabilité et le pontant total des crédits qui peuvent être accordés à l'ensemble de la clientèle en un même moment sous peine de mettre en péril la liquidité du capital et les facultés de la trésorerie. Ces prévisions faites, il suffit au chef d'être informé des crédits individuels qui viendraient à dépasser accidentellement le chiffre fixé et il n'a besoin d'être informé du montant total des crédits que s'il leur arrive de s'approcher dangereusement du maximum prévu.

De même si l'on a pris soin de déterminer le rendement normal des ouvriers, des machines et des ateliers, le contrôle personnel du chef ne sera mis en jeu que lorsque les documents font apparaître soit un excédent de rendement qui permettra de rectifier les prévisions futures, soit une insuffisance qui révèle un trouble dans le fonctionnement.

Si une livraison promise pour une certaine date doit être réellement faite au jour dit, tout va bien, et le chef n'a que faire d'encombrer son esprit de pareils renseignements. au contraire, si un retard dans les approvisionnements ou dans les ateliers met en péril les fabrications et les assemblages prévus au tableau d'avancement du travail, le chef doit en être aussitôt averti pour mettre en branle les initiatives techniques ou commerciales.

Le principe de l'exception veut donc que le contrôle soit parlant, car il a pour but de dégager une idée motrice, de corriger les activités déficitaires. Cette idée ne doit pas être sous-entendue, mais formellement exprimée.

La comparaison du rôle des prévisions et du rôle des résultats aboutit toujours à un plus, à un moins ou à une égalité; or les égalités n'ont pas besoin d'être visibles. Il est même dangereux qu'elles soient apparents, parce les accablent l'esprit de leur multitude inutile, dispersent attention et détournent la volonté des actions nécessaires.

Un contrôle, pour être efficace, doit mettre en lumière les plus et le moins et même ceux-là seulement qui s'écartent suffisamment de la norme pour justifier une réaction.

Les systèmes et les mécaniques de bureau s'efforcent de faire parler les contrôles. C'est ainsi que les appareils de pointage à la porte des usines marquent en encre d'une couleur spéciale les entrées qui ont lieu après l'heure, les seules qui nécessitent une réaction. La plupart des systèmes de fiches comportent des cavaliers et des voyants don la forme, la couleur, l'emplacement, sont autant de signaux d'alarme. Les appareils à graphiques signalent également les périls par l'emplacement de noeuds ou cordelettes au-dessous et au dessus d'une ligne qui marque la normale. La traduction des travaux de chiffres en graphique a aussi pour but d faire crier les contrôles au point névralgique.

Le contrôle parlant et matérialisé dans le bureau du chef c'est la planche de bord.

La planche de bord

Confortablement assis à l'intérieur d'une automobile, il vous est bien difficile, à partir d'une certaine vitesse, de vous rendre compte de l'allure à laquelle vous marchez. Faites-vous 40 kilomètres à l'heure, 60, 80, davantage, vous ne sauriez le dire. Avec un peu d'exercice, vous arriveriez peut-être à des appréciations approximatives, mais vous tromperiez encore bien souvent. Et si les conducteurs d'autos devaient se fier à leur intuition, les accidents de la route, qui, pourtant, ne chôment pas, seraient bien plus nombreux.

Mais il y a la planche de bord. Le conducteur a sous les yeux toute une série de cadrans sur lesquels l lit comme dans un libre les indications essentielles qui lui donnent une exacte conscience, non seulement de sa vitesse et de ses relations avec le monde extérieur, mais encore du fonctionnement interne de sa machine. Ce sont, d'en part, le compteur kilométrique, l'indicateur de vitesse, la montre, la carte, qui lui disent le passé, le présent et l'avenir de son voyage. D'autre part, c'est le compteur de tours-minute qui marque le régime du moteur, l'indicateur de pression d'huile, le niveau d'essence qui le renseignent sur ses approvisionnements, les lampes témoins du fonctionnement électrique. Grâce à la planche de bord, il manoeuvre avec sang-froid les leviers de commande et franchit l'espace à des vitesses qu'il y a trente ans on jugeait irréalisables. L'organisation e la conscience du conducteur est poussée très loin sur les automobiles, le savions et, en général, sur toutes les mécaniques qui mettent en danger la vie de celui qui dirige et de ceux qu'elles emportent. C'est l'application des principes de visualisation et de vision directe.

Le progrès des entreprises industrielles, commerciales et administratives n'a guère marché moins vite que celui des instruments de locomotion. les erreurs de direction y sont moins sanglantes. Même en cas de faute lourde, il n'y a pas mort d'homme, mais seulement chômage et ruine; c'est l'entreprise qui souffre et qui meurt. C'est pourquoi sans doute on attache moins d'importante à l'organisation de ses fonctions de conscience.

On ne les néglige certes pas. Le développement considérable du travail de bureau depuis une quarantaine d'années correspond pour la plus large part au besoin éprouvé par l'entreprise de se connaître elle-même et de connaître son milieu. Perfectionnement comptable, multiplication des statistiques, services de documentation, inventaires permanents, analyses du travail, analyses du marché, tout cela n'a pour but que de placer des renseignements certains, rapides et complets sous les yeux de ceux qui tiennent en mains les leviers de commande.

Mais comme il arrive souvent, c'est l'évolution naturelle des choses qui nous domine; nous lui obéissons sans en comprendre clairement les tendances, car les choses ne parlent pas et nous laissent à deviner leurs desseins.

Ainsi, la plupart des gens sont séduits par des perfectionnements partiels dont ils apprécient confusément les avantages; mais le but central, l'idée maîtresse qui anime cette évolution, ils ne l'aperçoivent pas.

Tous les systèmes administratifs, tous ces procédés du travail de bureau qui nous révèlent les phénomènes du monde extérieur et les mouvements internes de l'organisme travaillant, nous les résumons en des feuilles, en des tableaux, que nous rangeons soigneusement en des cahiers, en des tiroirs, en des armoires.

Bien rares sont les entreprises qui mènent tous ces travaux jusqu'à leur objectif final, à la planche de bord sous les yeux du grand chef.

Feuilles récapitulatives, tableaux, graphiques, sont épars et dissimulés. Ils sont tenus à jour à intervalles plus ou moins espacés.

La planche de bord, elle, est synoptique; elle rassemble tous les éléments de conscience dans le champ visuel. elle est toujours étalée sous le regard ce celui qui doit la consulter. Enfin, elle est animée, vivante; la mise au point est instantanée; les événements et leurs variations s'y inscrivent au moment où ils s'accomplissent. L'idée de dessine. elle se réalise même dans les services secondaires. Elle est à l'origine du dispatching: dans les chemins de fier, au centre des zones principales, un dispatcher a devant lui un tableau où s'inscrivent les mouvements réels des trains; il peut ainsi à tout instant donner les ordres nécessaire pour remédier aux irrégularités accidentelles du trafic.

Dans les bureaux d'avancement du travail, c'est à dire souvent au bureau du chef d'atelier, des tableaux d'avancement sont largement étalés et mis au point au moment où chaque ouvrier, chaque machine, change de travail.

Les modifications sont transmises au bureau par message oral, écrit ou téléphonique, et portes aussitôt u tableau. Ce n'est pas encore l'enregistrement automatique d la planche de bord.

Cet enregistrement automatique n'est plus à inventer. Pour contrôler la marche des machines, des connexions électriques allument des lampes dans le bureau quand la machine marche, les éteignent quand elle s'arrête, tracent un graphique de marche sur un tambour tournant.

Parfois les signaux lumineux sont actionnés par l'ouvrier. Celui-ci, ayant auprès de lui un clavier, envoie au bureau à la fin de chaque travail le numéro de la pièce terminée, et ce numéro s'inscrit au bureau en chiffres lumineux.

Ces méthodes sont ingénieuses. C'est la planche de bord qui se développe et qui s'organise. Elle va son chemin dans les bureaux techniques, s'y installe, améliore ses procédés, mais elle n'en est pas encore sortie pour entrer dan le bureau commercial et le bureau administratif. Elle y a fait une timide apparition sous forme de graphiques à ficelles, de tableaux à pièces mobiles que l'on règle à la main et plus ou moins régulièrement.

Quant à la planche de bord du grand chef, au tableau mouvant largement étalé devant lui, sur lequel viennent s'inscrire à chaque instant les chiffres index de l'activité de l'usine, du bureau de vente et du bureau d'achat, de la caisse et de la trésorerie, où les insuffisances, les retards, les accidents apparaissent aussitôt qu'ils se produisent, elle n'a pas encore été que nous sachions, clairement conçue ni méthodiquement organisée. De-ci de-là, on en voit la frêle ébauche. Le système de connexions électriques qui, partant de chaque bureau, aboutira au bureau du chef pour y faire apparaître instantanément sur un mur les indices de toutes les activités de l'entreprise et signaler par un feu toute activité défaillante t toute déviation, il ne faudrait pour le construire que bien peu d'ingéniosité mécanique.

Ce sera le couronnement logique de l'évolution la plus caractéristique du bureau moderne. Le chef de demain gouvernera son entreprise comme le pilote conduit son navire et son avion, les yeux fixés sur la planche de bord.

.....

Vous vous souvenez de la caverne de Platon. Des hommes sont enchaînés dans une caverne. Ils n'en peuvent voir que le fond, sur lequel se meuvent des ombres. Pour deux, ces ombres sont toute la réalité.

mais, parmi eux, était un philosophe, c'est-à-dire un curieux. Il s'agitait tant et si bien qu'il brisa ses chaînes et vit derrière lui des personnages réels qui se mouvaient; le soleil es éclairait et projetait leurs ombres sur le fond de la caverne.

Et Platon expliquait ainsi son apologue: le soleil, c'est le bien suprême. les personnages sont les ides abstraites, seules réalités dont les choses ne sont que l'ombre. Un cercle de tonneau n'est que l'ombre déformée d l'idée abstraie de cercle géométrique Nous vivons dans un mode d'apparences matérielles que nous voyons très mal; c'est l'Idée, seule vivante, qui crée et qui recrée le monde. La plupart des philosophes pensent aujourd'hui d'autre manière. Pour eux, les choses ne sont pas le reflet de l'idée, mais l'idée est le reflet des choses. C'est parce que nous avons vu des cercles de tonneaux, des troncs d'arbres, des ondes concentriques dans une rivière, que s'est formée dan notre cerveau l'idée abstraite du cercle géométrique. Mais c'est à partir du moment où l'idée abstraite s'est sublimée dans note esprit pour déposer en nous une image simplifiée, un concept des choses, que nous commençons à les dominer et à les gouverner. D'où nous vient cette faculté d'extraire l'idée pure, l norme des choses et des phénomènes divers? Nous ne le savons pas. Mais ce qui semble certain, c'est que l'Idée, si elle ne crée par les choses, gouverne les actes des humains. Ils agissent selon l'idée plus ou moins nette, plus ou moins exacte, qu'ils se font du milieu où ils vivent.

Une idée se transforme en acte; l'idée est force.

Les entreprise ont longtemps vécu sans idées claires sur les éléments internes et externes de leur activité. Elles vivaient machinalement engrenées sur des rouages dont elles ignoraient le mécanisme. C'est la voie de la nature. Tous les être vivants, aussi bien dans l'ordre de l'évolution des espèces que dans l'ordre de l'évolution individuelle, commencent par exercer l'activité inconsciente de leur système nutritif et de leur système moteur. ensuite, apparaître le système nerveux qui leur donne conscience de leurs actes et se développe en passant par tous les stades de l sensation simple, des sensations classées, des notions confuses et des idées claires.

Ainsi se sont développées les entreprises en général, et ainsi se développe chacune d'elles en particulier. elles se rendent de mieux en mieux compte de ce qui se passe en elles et autour d'elles. Les avantages qu'elles tirent de ce savoir croissant leur font désirer de savoir toujours plus; elles augmentent sans cesse les bureaux qui leur donnent la science de leur propre activité.

Pour reprendre l'image du vieux Platon, le bureau est la caverne sur le seuil de laquelle se tient le chef d'entreprise. S'il regarde vers le dehors, il voit un chantier d'activités confuse ou s'agitent les hommes, les machines et les choses sans qu'il soit possible d'en saisir le principe et la loi. S'il se retourne pour considérer le mur de la caverne, le bureau où se projette l'ombre des activités extérieures, il voit une image réduire, dmais claire, un tableau simplifié, dont il peut étudier les harmonies, les discordances, et qui provoque en son cerveau lucide la réaction efficace et sûre.

5. Les entreprises

Organisation, nouveaux métiers, nouvelles doctrines

"Le système industriel moderne n'est apparu qu'au moment où le monde était préparé pour cet avènement. Il est apparu lorsqu'on a pu disposer, en quantités énormes, d'argent, de comestibles, de combustibles

5.1. Tendances générales

Depuis 1929, situation de crise.

"Le monde est ébranlé par un complexe de crises: agricole, industrielle, monétaire, financière, politique, spirituelle, qui enchevêtrent leurs ondes, en surface et en profondeur. Notre vieille civilisation, humaine et noble, malgré ses lacunes et ses fautes, semble en péril, et des réformateurs accourent de tous les pôles de la pensée et de l'action". [Dautry]

"... le noeud de la question... c'est le développement excessif des industries productrices de moyens de production" [Dautry]

"Tout a singulièrement concouru à développer l'esprit de démesure. Communications rapides, téléphone et T.S.F., exemple de nations mettant brusquement en oeuvre les possibilités immenses de continents neufs" [Dautry]

Aux Etats-Unis, le New Deal, Keynes (affirmant la relation entre le monétaire et le réel)

1935 (ou 34). Il y a en France 2 160 000 entreprises occupant des salariés. Sur ce nombre, 2 150 000 occupent moins de 100 salariés. 6500 occupent de 100 à 500 salariés. 1180 plus de 500 salariés.

1940 sans doute Sur un total de 9,5 millions de salariés, 6,5 sont occupés dans ces petites entreprises.

1933. Agricultural Adjustment act. National Recovery Act.

1935. Début du mouvement stakhanoviste en URSS

1936. Grèves avec occupation d'usine.

. Le commerce mondial est tombé à 37,5% de ce qu'il était en 1929.

5.2. Les fournisseurs et le marché de l'informatique

Liste d'après le petit annuaire de [Ponthiere], qui donne adresses et téléphones.

Acker (feuillets mobiles, fiches)

Adrema (machiens à adresser)

Adressograph-Multigraph (inventeurs de la machine à adresser plieuses automatiques, duplicateur genre offset à sec)

Adressopresse (machines à adresser)

Armor (papier carbone et rubans, encres et stencils)

Berthelot (sorte de chewing-gum pour nettoyer les caractères de machine à écrire)

Bouffet René: synchronisations électro-mécaniques

Bull (machines à statistiques)

Chambre de commerce de Paris. Ecole d'application du Centre de préparation au affaires

Chauvin (rayonnages et meubles de classement, fiches, feuillets mobiles, dossiers, machines à calculer Metal et Supermétal)

Comptabilité Ruf (comptabilité à décalque)

Comptometer (machines à calculer)

C.S.M. Comptabilité simplifiée moderne (machine comptable permettant l'écriture à plat sur documents posés verticalement)

Dagron (encres, cires, stencils et carbones)

Delpy (duplicateurs à stencils)

Dienon (classeurs à fiches)

Ebstein (machines à calculer)

Elliott-Fisher (machines comptables

L'écriture unique (systèmes Multécrit pour emploi de carbones)

Flambo (sièges, bureaux, bureaux dactylo, classeurs et fichiers, graphiques, cartes géographiques, épingles, trieur (meuble pour trier))

Frane (machine à copier, avec papiers spéciaux)

Grandjean (sténotypie)

Hemmi (règles à calcul japonaises)

Hermès (machines à écrire, machines à calculer)

Hollerith (machines électro-comptables à cartes perforées) "Les services Hollerith... mettent à votre disposition des connaisssances pratiques acquises par des milliers de techniciens, habitués aux problèmes les plus divers. Seule cette immense expérience a permis de réaliser des machines atteignant le plus haut de gré de sécurité et d'adaptation aux besoins réels du commerce et de l'industrie. Une liaison constante est maintenue entre clients et techniciens par des conférences et des études en commun. Le services Hollerith = Méthodes + Machines. "

Imprimadresse Emile Allié (machines à adresser)

International time recording (horloges pointeuses)

Kalamazoo (registres à courroies et couvertures en métal, imprimés)

Le Quick (meubles en bois, classeurs, fichiers, registres à feuillets mobiles)

Lerat (rayonnages)

Magnéta (horloges pointeuses)

Méthodes (revue sur les méthodes d'administration, organisation, etc.)

Map, Manufacture d'armes de Paris (machines à écrire)

M.M.M. Manutention moderne et mécanographique (classeurs, machines à protéger les chèques, traites et documents, à ouvrir le courrier, plier, cacheter)

Monotype (appareil comptable à décalque)

National (machines comptables)

L'organisation (revue d'organisation)

Ormig (duplicateur à alcool, machines comptables)

O.S.C. Office de statistique et de comptabilité (services)

Picard (papiers de sécurité, impressions de sécurité)

La revue du bureau (paraît tous les mois depuis 29 ans)

Ronéo (rayonnages et classeurs métalliques, copieurs (à alcool (?), duplicateurs à stencils et à caractères)

Samas-Powers (machines à statistiques)

Sancar (classement suspendu, fiches, machines à écrire avec copies multiples sans carbone)

Secam (duplicateurs)

Selector-Organos (sélecteur de fiches à trous)

Sidney Merlin (conseils en organisation)

Scholz (mobilier)

Smith Premier (machines à écrire, machines comptables)

Sors (machines à adresser Adrepost)

Standard (mobilier)

Super (machines à écrire)

Stoll (sièges)

Van Waesberghe (machines à dicter, machines à calculer)

Vitadresse-Elliott (machines à adresser)

Wallace Clark (ingénieurs conseils en organisation)

Yac (guides et cavaliers)

1933. Bull devient CMB à Paris. Selon Ponthière "Jusqu'en 1934, c'est uniquement à l'étranger que les Français pouvaient demander des machines à statistiques. Il y avait là un monopole de fait que ne fut rompu que par l'arrivée des machines françaises Bull".

1934. Vers. Lancement par Addressograph-Multigraph du procédé Multilith (duplication par offset à sec)

1935. IBM emploie 219 personnes

1935, in Ponthière "Le service Hollerith = Méthodes + Machines. Une liaison constante est maintenue entre clients et techniciens par des conférences et des études en commun".

1939: IBM emploie 540 personnes

1935. Aux USA, le capital investi en machines de bureau est en moyenne de 9000 F par employé.

1935. Selon Ponthière, il y a quelques centaines d'installations de machines à cartes perforées en usage en France, contre environ 20 000 aux Etats Unis. Une interclasseuse électronique au Capa (bizarre)

5.3. Dématérialisation

"la diminution des transports lourds et longs" [Dautry]

"Quant à l'évolution technique, son action s'exerce sur les masses à transporter. Le développement des réseaux de distribution d'énergie électrique, la construction de grandes centrales thermiques sur le carreau de la mine et celle d'usines hydro-électriques sont autant de causes d'anémie des moyens e transport" [Dautry]

"Dans tous les domaines, l'industrie... une tendance très nette à la légèreté" [Dautry]

"La technique, chaque jour plus savante, tend à l'allègent de toutes choses. Elle tend presque à la suppression de la matière. A l'ancien télégraphe et au téléphone dont les poteaux, les isolateurs, les nappes de fils ou le câble sous-marin matérialisaient le cheminement, elle substitue aujourd'hui l'impalpable frisson de l'invisible. Désormais, rien de pesant n'unit plus deux postes qui se joignent dans l'immatériel". [Dautry]

"Un travail bien étudié et bien préparé est aux trois quarts fait" [Dautry]

5.4. Montée des bureaux

montée du taux d'employés aux USA, vu par [Ponthière]: "Pour augmenter leur production de 120%, les Etats-Unis ont embauché seulement 65% d'ouvriers en plus, tandis que le personnel des bureaux s'accroissait de 190%. Et, dans l'usine autrichienne, le fait est encore plus patent... le rendement du travail physique d'exécution est conditionné par le travail mental du bureau".

"Les grands bureaux d'études et du personnel ont été transformés, aérés, repeints, meublés décemment. Un sol hygiénique, des murs propres, des fenêtres nombreuses, un éclairage électrique parfait, des lavabos et des vestiaires confortables, des tables et des armoires parfaitement adaptées et bien tenues ont té réalisées. Des bureaux d'ateliers et de comptables ont été construits et aménagés... suivant les mêmes principes" [Dautry]

Mais: "... trop souvent les hommes et le métier ont été cachés par les papiers" [Dautry]

"Quand la production augmente par le progrès des sciences et de l'organisation, le pourcentage de travail humain musculaire diminue, tandis que le pourcentage de travail mental augmente". [Ponthière]

R. Désaubliaux (cité par Ponthière): analogie de la montée du bureau avec la montée du cerveau.

"Il ne suffit plus de salariés manuels aux industries concentrées de nos jours, il faut ces salariés de plume et de tête que l'on nomme des "employés. ...

Pour arriver à l'acheteur comme au fournisseur, l'industriel doit avoir des armées de collaborateurs: indicateurs, voyageurs, représentants, dessinateurs, peintres, publicistes, et maintenant aussi: des savants, des hygiénistes, des psychologues qui interprètent le goût du public, et poussent à acheter la marchandise. Il doit avoir des armées de comptables, qui enregistrent les entrées, font les bilans, établissent les prix de revient. Il doit avoir des armées d'ingénieurs et de chimistes qui ajustent et surveillent ses appareils. [Lombroso]

...

"Pour faire des ingénieurs, des chimistes, des employés de bureau, des comptables, il faut les écoles... On y passe une vingtaine d'années et les élèves ne sont pas certains de trouver en sortant une place sûre et rémunératrice; ils doivent, par conséquent, ne pas être trop pauvres, afin que leurs parents puissent les entretenir suffisamment longtemps, ni trop riches, pour que leurs parents désirent quand même en faire des salariés". [Lombroso]

"Seuls les séminaires, avant le XIXe siècle, donnaient une culture générale aux gens du peuple avides d'instruction... On donne encore en France le nom de "clerc" aux secrétaires; c'est un moine, Fra Luca Paciolo, qui écrivit pour la première fois un manuel sur la tenue des livres de commerce...

"Pour qu'un pays fournisse des salariés intellectuels ou manuels, il faut qu'il ait une population dense. Il existe des mines très riches dans les Andes de l'Amérique du Sud, qui n'ont pu jusqu'ici être exploitées parce que les habitants sont trop clairsemés dans ce pays.

"Et non seulement la grande industrie collective par excellence veut une population dense mais elle la veut réunie en des centres: villes ou villages. [Lombroso]

"A l'industrie et surtout à l'industrie collective qui produit rapidement, il faut non seulement de larges débouchés, mais plus encore la liberté: liberté de pensée pour le savant qui étudie les lois de la nature ou qui veut appliquer ces lois à la technique; liberté pour l'industriel de fabriquer ce qu'il juge profitable et convenable; liberté de modifier les instruments de travail, de fixer directement les salaires avec ses ouvriers, de choisir ses collaborateurs et sa clientèle sans tenir compte de leurs idées religieuses; liberté, enfin de concurrencer les fabricants de produits analogue" [Lombroso]

Ponthière: différenciation des bureaux

nouveaux métiers: la dactylo [Roubaud] y voit surtout conséquence du prestige, gloriole

le mécanographe

l'ingénieur

nouveaux métiers: la dactylo [Roubaud]. sexisme?

Analyses détaillées sur le personnel de bureau dans [Ponthière], typologie, conseils pour la sélection, l'avancement, le chronométrage, les salaires

Liste des métiers du bureau selon Ponthiere

Garçons de bureau

Secrétaires

Sténographes

Dactylographes

Correspondanciers

Classiers ou archivistes

Bibliothécaires

Opérateurs de machines à adresser

Opérateurs de machines à polycopier

Caissiers

Teneurs de livres

Comptables

Opérateurs de machines à facturer

Opérateurs de machines comptables

Calqueurs

Statisticiens

Conducteurs de machines à statistiques

Dessinateurs

Graphiqueurs

Etc... etc.

Division du travail [Ponthiere]

- loi de la division du travail ou de la spécialisation des tâches

- loi de division de l'effort ou spécialisation de l'individu

- loi de transfert de l'habileté sou spécialisation des outils

- loi de spécialisation du produit (NDLR: en pratique, des entreprises).

La troisième loi mérite que nous reprenions le texte de Ponthière.

"L'attention et l'habileté nécessaires pour employer un outil ou conduire une machine sont en raison inverse de l'aptitude transférée à l'outil ou à la machine.

Ceci veut dire que plus l'outil est étroitement adapté à un travail donné, moins l'homme qui le conduit doit mettre en jeu sa force musculaire, son énergie mentale, son attention. Le système formé par la machine et l'homme qui la conduit peut ainsi profiter de l'énergie illimitée mise en oeuvre par la machine et marcher à la vitesse de celle-ci et non à l'allure plus lente de l'homme.

Des opérations statistiques, par exemple, seront très lentes si elles sont exécutées à la main; elles iront beaucoup plus vite avec une machine à calculer, conçue pour faire toutes sortes de calculs; elles prendront une allure vertigineuse avec la machine à statistiques proprement dite, le rôle du bras et du cerveau humain étant alors réduit au minimum.

Mais c'est une erreur de croire que cette diminution de la fatigue et de l'effort s'accommode d'une diminution des aptitudes intellectuelles de l'employé qui conduit la machine. Il faut être plus intelligent et plus instruit pour conduire une charrue électrique qu'une charrue à la main et une machine à écrire ou à calculer qu'un porte-plume".

Concentration des services (économie d'échelle, dirions nous aujourd'hui)

Avancement linéaire du travail (on dirait, travail à la chaîne)

Préparation du travail et opérations hors-série.

5.5. La qualité

Il y a une association(?) "La qualité française, dirigée par M. Dalbouze (cité par [Dautry°

5.6.Montée des entreprises de service

"Il n'y a guère d'entreprises économiques, il n'est peut-être pas audacieux d'affirmer qu'il n'y en a aucune qui soit en mesure d'assurer par ses propres moyens la totalité de ses fonctions administratives. Il s'est donc créé des bureaux constitués en entreprises indépendantes qui assurent telle ou telle fonction administrative et qui mettent leurs services spéciaux à la disposition de toutes les entreprises e parfois du public en général" [Ponthière], qui liste:

- bureaux financiers autonomes

- bureaux d'assurance

- bureaux de contentieux

- bureaux de comptabilité

- bureaux de personnel

- bureaux d'organisation

- bureaux techniques

- bureaux commerciaux

- bureaux de documentation

- bureaux de secrétariat.

"L'importance du matériel à mettre en oeuvre pour l'exécution des statistiques et des calculs commerciaux a entraîné la création d'entreprises spécialisées pour l'exécution à façon de ses travaux"[Ponthiere], qui cite l'OSC Office de statistique et de comptabilité.

5.7. Vitesse et accélération

6. Conséquences humaines

"Il me sembla que le machinisme dont on était si fier était comme ces remèdes précieux pour certaines maladies et certains individus, qui sont détestables pour d'autres malgré l'engouement de la mode" [Lombroso]

"L'étude des problèmes soulevés dans mon esprit par le machinisme absorbé la moitié de ma vie, mais les idées que je voulais exprimer contrastaient tellement avec celles du public que j'hésitais à conclure et confier au monde mes réflexions". [Lombroso]

6.1. Déshumanisation/taylorisme

Paul Valéry, dans préface à [Dautry]

"Combien de métiers se réduisent à un automatisme, et lui sacrifient peu à peu ce qu'il y a dans l'homme de plus précieux... le langage a utilisé ce mot dans des locutions dont l'une en relève le sens: métier de roi; l'autre le réduit à désigner une machine: métier à tisser.

"Mais, quand la machine est humaine, elle se défend quelquefois, et quelque temps, contre l'abêtissement de la tâche identique et périodique...

"Je crains bien que la transformation moderne des moyens de produire n'ait, jusqu'ici, accru la part de l'automatisme...

"... la machine a conquis plus d'emplois, au point de faire, en quelque sorte, reculer l'ouvrier devant elle

"Le développement d'entreprises immenses et d'une complexité extrême entraîne nécessairement une diminution réciproque de la personnalité des hommes qu'elles emploient, jusqu'aux environs du sommet. Au sommet, l'initiative, l'invention, le vouloir, se concentrent: en ce point, le travail redevient oeuvre.

"Ce qu'on nomme aujourd'hui dictature revient à un essai de traiter la fabrication continue de "l'ordre social" selon le modèle qui s'est imposé aux vastes exploitations et sociétés de production dont je parlais. Tous ces mécanismes exigent une précision extrême et une surveillance permanente des écarts individuels. Quelles que soient leurs différences nominales et idéales, ils ne peuvent exister que par une simplification des individus qui permette de les orienter identiquement dans le champ des forces de l'Etat; et il importe que cette modification agisse jusque dans la profondeur affective et intellectuelle de chacun d'eux. Il faut donc que les sentiments, les idées, les impulsions soient oivrés, comme tout usins, à la consommation des esprits et à la nutrition des âmes, par un être central. Le "psychisme supérieur" et la plénitude des puissances de l'action sont réservés à celui-ci. Il est l'unique homme complet de sa nation, et donc, dans notre temps, une manière de demi-dieu. Parfois, il manifeste par un acte symbolique qu'il assume en sa personne les principes de tous les métiers, prend la pioche, ensemence, pointe un canon, conduit une machine, paraît aussi en prince des athlètes... (NDLR: rejoint un peu Sismondi)

"Les avantages, les bienfaits, les vices, les dangers de ces régimes sont évidents: il suffit de se rendre sensible à tel ou tel autre aspect de ce que l'on observe pour admirer ou abhorrer passionnément..."

"Le Français ne réussit vraiment très bien que lorsque l'idée jaillit d'un cerveau unique... l'esprit d'équipe qui fait leur force (aux Américains)

"... La conscience... d'un métier que l'on exerce enrichit l'être entier par la présence d'un modèle d'action, de coordination et d'accomplissements vérifiables...

6.2. Le chômage. Constat et causes

"Trente millions de chômeurs dans nous offrent aujourd'hui le spectacle paradoxal de la mise dans l'abondance et soulignent la cruauté qui résulte du désordre de nos systèmes économiques" [Dautry]

"... une fonctionnaire dont la principale occupation paraissait être d'apposer un timbre humide dans une case de la carte de chômage." [Roubaud]

"Le chômage grandit et la misère gagne en profondeur. la misère dans l'abondance" [Duboin 35]

"Quand des hommes manquent du nécessaire devant des machines qui font, en une heure, le travail qui demandait huit jours il y a cinquante ans.." [Dautry]

"L'on peut concevoir un temps où le rôle de l'ouvrier se bornera presque à surveiller des mécaniques comme, dans certains pays exotiques, les blancs se bornent déjà à contrôler le labeur des nègres" [De Launay)

"Le fait nouveau s'est produit en 1917, mais es conséquences n'ont apparu que douze années plus tard, en 1929. On peut le décrire ainsi: les perfectionnements continues de l'outillage industriel et agricole, conjugués avec l'emploi de plus en plus massif des énergies capturées dans la nature (houille, pétrole, chutes d'eau) font croître la production de toutes les choses utiles aux hommes jusqu'à un point où celle-ci peut augmenter en même temps que le chômage".

"Pour tout observateur impartial, il est incontestable que c'est le chômage des hommes dont le travail était devenu inutile qui provoqua la crise américaine, et non pas la crise qui provoqua le chômage" [Duboin 35]

Henri Comte de Paris. "Machinisme et chômage"

La "machine" ne travaille-t-elle pas contre l'homme au lieu de travailler pour lui? N'en fait-elle pas un esclave, un chômeur, au lieu de le libérer? Quelle set sa part de responsabilité dans la crise actuelle.

L'appareil économique qui comprend machines, capitaux, travailleurs, produit, transforme, échange des choses et des services.

Cet appareil fonctionne pour satisfaire les besoins d'un certain milieu.

L'histoire traduit deux tendances successives et contraintes. Du XIIe au XXe siècle, ce milieu s'est étendu des cadres du canton, au monde entier; depuis quarante ans, il s'est amenuisé et il est revenu aux limites de la nation.

On ne peut donc envisager en soi l'évolution du machinisme, élément de l'appareil économique; il faut élargir le débat et considérer l'évolution économique dans son ensemble. Les phases du machinisme ont varié depuis le XVIIIe siècle.

Certes, la roue est une machine puisqu'elle diminue l'effort à fournir par l'homme mais en fait, le machinisme date de l'utilisation de la force de la vapeur, car déjà des machines aidaient l'homme dans le textile par exemple, mais la force leur étant fournie par le courant des rivières, leu usage était limité et leur rendement restreint.

A parler exactement, ce n'est pas le machinisme qui a apporte bien-être et bonheur matériel apparent aux masses; ce fut la captation des forces inépuisables de la houille, puis, plus tard, de la houille blanche, qui, multipliant le potentiel producteur de l'humanité, permit de créer et de satisfaire des multiples besoins nouveaux: des appareils ménagers électriques aux transports rapides, de la viande à tous les repas à l'appareil de TSF, du cinéma hebdomadaire au week end à la campagne.

Notons que les besoins humains se classent en deux catégories: les besoins alimentaires quantitativement limités et les autres besoins pratiquement infinis.

La machine fut mal accueillie parce qu'elle évinçait dès sa mise en service une main d'oeuvre de placement immédiat difficile. La durée de rééducation professionnelle des ouvriers désaxés créait un chômage endémique qui justifiait en apparence leurs revendications, mais au fond la thèse de l'économie classique, d'après laquelle la machine, lin de provoquer le chômage, créer de la main-d'oeuvre, se vérifiât pendant tout le XIXe siècle.

Pourquoi les faits vérifièrent-ils cette thèse pendant cent ans pour la démentir ensuite pendant vingt-cinq ans?

Parce que trois ou quatre pays dans le monde furent d'abord les seuls à s'industrialiser. L'appareil économique concentré en Franc, e Angleterre, en Allemagne, disposait alors des débouchés et des ressources du monde entier; les besoins nationaux qu'il satisfaisait ne représentaient qu'une faible partie de sa capacité de production - pratiquent trois ou quatre nations possédaient le monde.

Ce n'est pas les besoins à satisfaire qui dirigent la pensée des entrepreneurs, mais le désir d'utiliser au maximum le rendement de la machine. Les salaires, ayant une tendance naturelle à croître, il fallait, pour abaisser le prix de revient, réduire la part d'amortissement supportée par chaque unité produite. D'où la nécessité de faire travailler sans cesse la machine. Il se démontre que l'expansion productrice de la machine est aussi spontanée que celle des gaz. On en vint rapidement à inverser l'ordre logique: tels besoins, tel travail, telle machines; la notion des besoins à satisfaire, point de départ normal du raisonnement, fut remplacée par la notion de la capacité productrice de la machine.

Dans l'industrie, les services commerciaux, obligés à vendre tout ce que l'ingénieur daignait leur fournir, en étaient réduits à conquérir tous les marchés mondiaux, tant que la chose fut possible.

De plus, l'emploi de la machine a d'autres effets qui renforcent cette tendance à la surproduction continue. La machine aide le travailleur, amis elle représente un capital à amortir et à rétribuer. Donc, l'introduction de chaque nouvelle machine dans le mécanisme producteur, accroît l'importance du facteur capital dans l'économie. la découverte de Watt, par exemple, donna un immense valeur aux mines de houille et un rôle prépondérant aux "nouveaux" capitalistes qui les possédaient. Les bénéfices qu'ils réalisaient dans les affaires ne pouvaient sue les inciter à développer leurs investissements industries.

La machine à vapeur implique la concentration autour de ses foyers de tous les moyens de production (ouvriers, matériel, capitaux). C'est donc un centre d'attraction qui attire vers la ville, d'autant plus que le machinisme intégral postule, en régime de libre échange, la disparition de l'agriculture dans les pays où il s'st le plus développé.

En effet, les pouvoirs d'achat s'échangent contre des pouvoir d'achat; la capacité d'achat de l'agriculture est donc limitée par le montant de ses ventes; celles-ci ne peuvent dépasser un maximum, déterminé par la capacité d'absorption alimentaire des hommes,; qui est limitée, comme nous l'avons dit plus haut.

Cependant, les assures besoins étant presque indéfiniment extensibles, les produits industriels qui les satisfont peuvent s'échanger entre eux. Ceci conduit à élever le niveau de vie des citadins; la disproportion avec le standard de vie des campagnes provoque l'exode des ruraux vers les villes.

Cette lui qui joue entre les nations incita les pays agricoles fournisseurs de manières premières à créer des industries chez eux; la machine qui se transporte partout, et les capitaux européens qui cherchaient à s'investir dans les pays jeunes, favorisèrent cette naissance d'un nouvel appareil économique, qui allait concurrencer l'économie de la vieille Europe.

Jusqu'en 1900, cette économie fonctionna normalement sur le vieux continent; son accélération régulière et sans à-coup, les énormes bénéfices réalisés, permettaient d'amortir les capitaux.

Grâce à leur concentration et à une action de masse puissamment aidée par la mystique socialiste, les ouvriers organisés en syndicats acquirent un rôle politique suffisant pour obtenir la diminution des heures de travail et la hausse des salaires.

A partir de 1860, quatre facteurs nouveaux vont contribuer à généraliser l'emploi de la machine:

1° Les ouvriers multipliant leurs exigences, on cherche à les remplacer par la machine qui est muette;

2° La concurrence naissante des pays d'outre-mer, incite à améliorer le rendement heure pour abaisser le prix de revient (ce qui donna à l'appareil économique un plus grande vitesse);

3° Le machinisme accroissant le rôle de l'argent dans la production, les capitalistes (qui disposaient de vastes bénéfices) facilitent la généralisation de l'emploi des machines par des apports constants;

4° Les découvertes, l'utilisation de nouvelles forces, les progrès scientifiques créent des occasions nouvelles de mécaniser l'industrie.

C'est pourquoi la production, sans règle ni borne, est toute l'histoire des XIXe et XXe siècles.

Avant la guerre, comme on l'a vu précédemment, la lutte était déjà fortement engagée entre les vieux pays industriels et le monde. Les milieux d'expansion des économies nationales commençaient à s'amenuiser.

La guerre, par ses destructions, accéléra l'évolution, l'Europe n'eut pas trop d toutes ses forces pour ses propres besoins; les pays d'outre-mer créèrent de puissants instruments économiques pour leurs besoins que l'Europe ne pouvait plus satisfaire, et pour ceux des belligérants.

En 1919, il fallut reconstituer les stocks épuisés; la France, grâce aux dommages de guerre, suréquipa ses industries du Nord; l'Allemagne, grâce aux profits de l'inflation, en fit de même; de leur côté, les Etats-Unis et le Japon étaient devenus des pays industriels; l'Afrique du Sud, l'Amérique du Sud, l'Australie, ne supprimèrent évidemment pas leurs industries récentes, elles les abritèrent derrière des barrières douanières.

Ainsi le monde commença de surproduire. La situation n'était plus saine. Deux expédients dissimulèrent encore durant plusieurs années la situation réelle: l'inflation des crédits et la suppression de l'amortissement.

Dans une économie inorganisée (libérale disait-on), pour vaincre les concurrents, il faut abaisser les prix de revient.

Les ouvriers s'accrochaient aux salaires élevés correspondant à la période d'euphorie économique, tandis que la part du capital était incompressible, car les oligarchies financières veillaient au respect de taux d'intérêts élevés.

D'autre part, la guerre ayant transformé des centaines de milliards den fumée, les capitaux réels, subsistant encore ne permettaient pas d'abaisser substantiellement les taux d'intérêt.

Il restait trois recours:

1° L'accélération de la vitesse de l'appareil économique pour abaisser les prix. Cette méthode réclamait des machines, toujours des machines nouvelles, plus rapides, plus perfectionnées et plus chères. Or, tous les pays s'entouraient de barrières douanières de plus en plus élevées.

2° Le crédit. La guerre avait enseigné à jouer de ce nouvel instrument. Les banques construisirent des pyramides de crédit pour développer les usines, renouveler leur équipement et masquer la perte de substance en capital réel.

3° On en vint à supprimer l'amortissement du matériel, car remplacer un machine avant qu'elle ne soit hors d'usage, c'est faire supporter aux prix de vente un double amortissement. Le remplacement est possible quand l'accroissement du rendement en vaut la peine et quand les débouchés le justifient. Or, le monde se compartimentait d plus en plus. Le crédit à la consommation entretenait encore artificiellement la capacité d'achat.

La concurrence s'exerçait à l'intérieur de chaque pays entre les industriels. On ruinait la petite épargne que la société anonyme polarise; les crédits payaient les jetons de présence et les dividendes, mais il eût été difficile de rembourser le capital.

Cette situation contra nature ne pouvait s'éterniser. Le crédit soutenait l'invraisemblable édifice, mais le crédit se contracte avec autant de rapidité et de facilité qu'il s'épanouit.

Une vague de méfiance passé. Ce fut la débâcle e Wall Street. Le crédit qui est du vent passa aussi vite qu'il avait soufflé. Mais ce vent était l'oxygène d'une économie artificiellement exaltée; en disparaissant, il a condamnait à l'étouffement

La surproduction, latente depuis quinze ans, parut au grand jour, on vit que partout, les usines étaient équipées pour des besoins triples des nécessités réels. Ce fut la cries, le chômage de millions d'hommes. elle provoqua un repliement plus vif encore des pays sur eux-mêmes; par la voie des contingentements et des réglementations de devises, le monde a été conduit rapidement vers l'autarchie.

Il est maintenant aisé de répondre à la question posé. La machine a contribué au chômage actuel, mais la folie des hommes et leur appât du gain sont encore plus qu'elle responsables.

Le machinisme a des conséquences dans d'autres ordres de faits:

Mécanisée à l'excès, la main-d'oeuvre a été rendue impropre à toute autre besogne que celle qu'elle avait l'habitude d'exécuter automatiques.

Malgré toute son habileté, la machine ne peut imiter le travail de l'artisan d'autrefois. Certains métiers artistiques ont souffert de cette mécanisation; dans l'ensemble, la production est devenu impersonnelle. Par contre, le travail a, avant tout, une grande fonction éducative. Sa nécessité s'impose à l'humanité. Le chômage parmi les jeunes gens a des conséquences effroyables car, il faut le souligner, la suppression ou l suspension du travail c'est, pour la plupart des individus, l'impossibilité de devenir ou de rester des homes.

La chaîne est la suivante: machine, concentration économique, conquête du monde, mécanisation, auto-défense du monde, surproduction, crise, chômage; La machine est ainsi, avec la bêtise humaine, la cause déterminante du chômage sans en être la cause antécédente.

Du machinisme (Chapitre XXXVII de [Simart])

Lorsque des savants désintéressés eurent, par génie spéculatif et par expérimentations patientes, arraché aux lois naturelles des bribes de leurs secrets, et qu'ils eurent doté l'humanité de ces moyens prodigieux que sont les machines thermiques et la domestication de l'électricité, l'industrie s'empara avidement de ces découvertes. Son rôle, sinon primordial du moins éminent, fut de discipliner les forces nouvelles aux mille besognes commises depuis des millénaires aux mains humains.

En peu d'années, la vie matérielle du monde en fut transformée, son potentiel de jouissance multiplié. Des objets d'un coût jusqu'alors élevé et dont l'usage était réservé à l'élite possédante en furent popularisés, leur emploi devint

soudain familier à des centaines de millions d'individus. Le progrès dans cette voie alla de telle sorte que le simple bien-être actuel d'un petit bourgeois ou d'un bon artisan eût été un luxe inconnu aux plus grands de la terre d'il y a seulement quelques siècles - ces secondes de l'univers.

D'autre part, les fatigantes tâches corporelles qu'il fallait bien qu'une portion de l'humanité accomplît, depuis le déchargement des bateaux et la manoeuvre des pierres lourdes jusqu'au travail des mines, s'en trouvèrent adoucies et le bras de l'homme allégé par les muscles d'acier des machines.

Tout d'abord, la mise à la disposition de notre espèce, hier encore animale, de ces forces mystérieuses, l'étourdit un peu. On n'osa s'en servir qu'avec timidité, on fut tout heureux des moindres résultats. Le tour que l'artisan manoeuvrait au pied depuis des siècles, on le pourvut joyeusement d'un volant, d'une courroie, et l'homme poursuivit la tâche ancestrale.

C'est alors que des individus au cerveaux puissamment organisés, des hommes qui avaient le don de s'abstraire suffisamment pour qu'à leurs yeux -tels ces hindous en prière qui s'évadent de leur corps et pour qui toutes choses terrestres deviennent d'une même grandeur- le matériel humain fût sur le même plan que la matériel machine, et qu'un ouvrier et outil ne fussent plus que deux éléments immatériels du problème à résoudre, entreprirent d'augmenter notre puissance par une rationalisation de l'effort humain, par une spécialisation des besognes, par une fragmentation de la tâche totale réduite à une suite de tâches primaires que le travailleur parvient à exécuter en un temps beaucoup plus court.

Brusquement, le monde industriel fut illuminé. Les résultats pratiques donnèrent d'ailleurs raison aux formules: le prix de revient d'un objet se révélait bien moindre si chacune de ses parties était fabriquée par un ouvrier spécialisé, devenu par l'habitude extrêmement adroit aux gestes sommaires qu'on lui demandait de répéter incessamment, sans plus. La perte de temps que constitue le passage de l'esprit d'une opération à l'autre était annulée. La régularité de la tâche simplifiée amenait cet automatisme sans lequel les éducateurs disent qu'on ne sait pas, et qui permet seul l'instantanéité du réflexe.

Un autre avantage industriel, dès qu'il ne s'agit plus de créer un objet mais de fabriquer un millier de pièces identiques, ou de veiller sur le fonctionnement toujours égal à lui-même d'une machine-outil, c'est qu'il n'est plus nécessaire de recourir à des ouvriers d'élite, ni amoureux de leur métier. Ce serait plutôt le contraire. L'automatisme dompte mieux et plus vite les cerveaux rudimentaires. Des compagnies américaines, paraît-il, ont poussé cette constatation à l'extrême, embauchant de préférence des ouvriers idiots pour certaines besognes; au moins, la curiosité intelligence, le souci du beau travail ne les troublent pas...

Ces exagérations écoeurantes mises à part, il demeure que la spécialisation du travail, cet enchaînement de chaque homme à la place exacte qui lui convient, devant un acte élémentaire qui correspond à ses facultés, cette normalisation, ce taylorisme, ce fordisme, comme on voudra le nommer, aboutit à une fabrication abondante et bon marché des objets usuels, dont tous les habitants de la planète profitent.

Ce n'est pas rien, pour l'humanité, d'avoir des automobiles telles qu'un contremaître peut y prétendre, et des appareils de T.S.F. grâce auxquels l'artisan le plus humble peut se distraire à Mozart, à Puccini ou à des tangos argentins. Ces grandes idées théoriques issues d'être rigoureux et vivifiées par de grands capitalistes, par les potentats milliardaires de l'industrie, ont eu pour résultat une démocratisation du confort et des jouissances qui fut un des éléments les plus actifs de l'évolution des moeurs.

Mais dès lors, du fait de cette rationalisation, le travail de l'homme cessa d'être une activité joyeuse, presque un bonheur en soi. Et cela c'est peut-être le plus mortel danger que l'humanité ait couru depuis la préhistoire.

Quand l'ouvrier était attaché à une besogne intéressante, quand on le chargeait de produire à lui seul un objet complet, ce qui est évidemment l'idéal en cette matière, ou même, pour ne pas remonter à l'âge d'or, quand il collaborait avec quelques compagnons à une fabrication, ce qui était universel au XIXe siècle et persiste encore dans maintes usines de nos vieilles cités, son travail était par lui-même un but. L'homme quittait l'atelier, non pas certes en chantant comme on le voit aux images d'Epinal, mais avec la sensation que sa journée était finie et qu'il l'avait bien employée. Il entendait par là que sa tâche humaine était accomplie. Certes il aimait à retrouver des amis, et sa famille, et d'autres distractions, mais, hors quelques pochards et d'incurables flâneurs, l'acte principal de s vie était révolu.

Aujourd'hui, lorsque l'ouvrier est une cellule anonyme de ces immenses organismes que sont les usines américaines ou américanisées, lorsqu'il frappe huit heures durant sur le troisième boulon gauche d'une pièce éternellement renouvelée qui se présente à lui toujours à la même place ou lorsqu'il guide le choc d'une machine à estamper qui crache un par une des millions de pièces ébauchées dont il n'aura jamais une seule terminée entre les mains - l'homme finit par s'adapter sans murmure à ce rôle dépouillé d'initiative, qui rabat toute velléité d'intelligence et qui annihile peu à peu l'individualité en ne lui demandant plus que d'être l'organe visuel et enclancheur du complexe outil-homme.

Un tel tavelle sans saveur perd sa qualité d'élément essentiel d'une vie. Il n'est plus qu'un moment nécessaire mais partiel de l'existence et qui ne saurait prétendre à la remplir. L'ouvrier s'en désaffecte. Il pense, en travaillant, à ce qui l'attend après. La journée devient, et les mots mêmes de la loi s'y prêtent, un complexe où l'on dort huit heures, où l'on travaille huit heures et dont on vit alors les huit autres heures. Huit heures par jour de loisir et de joie! C'est littéralement une merveille. Mais je ne puis m'empêcher de songer que le sabotier que je voyais naguère, en Morvan, fabriquer chez lui des sabots de l'aube au crépuscule, partant du fût de noyer pour ne quitter la chaussure que polie et poncée et ornée de sa bande de cuir noir - le sabotier avait toute la journée comme heures de joie.

Qu'on ne se méprenne pas sur ma pensée. Je ne suis point jusqu'au bout le Mahatma Gandhi dans sa haine et sa proscription de nos méthodes occidentales; je ne demande point qu'on recommence dans chaque famille à tisser ses draps ou son linceul. Les plus subtils philosophes me démontreraient-ils que là seulement est le bonheur que je leur répondrais qu'il est trop tard: l'évolution ne saurait faire machine arrière.

Je dis seulement que nous sommes à un moment délicat du monde, et plein d'incertitudes et de dangers.

Cestes, je la vois bien, la société future, avec ses citoyens tous instruits et occupant leurs loisirs à se délasser judicieusement ou même à se cultiver encore l'esprit et le corps, et acceptant avec un tranquille sourire les quelques heures d'insipide besogne machinale dont la Cité aura besoin pour surveiller son mécanisme. Comme je les admire et les comprends, ces hommes complexes, à la fois manoeuvres et intellectuels, ces véritables hommes libres!

Le mal est que notre société, très loin encore de ce stade de civilisation, a retiré au labeur humain son intérêt de jadis et le charme qu'il pouvait avoir, sans accorder à l'homme la possibilité de reporter et intérêt désaffecté sur autre chose. Elle a donné au travailleur le désir de se distraire, mais elle a oublié de multiplier en conséquence les bibliothèques et les lieux de sport.

Alors, dame, les heures de travail révolues, l'ouvrier se retrouve la tête vide, le coeur insatisfait, baillant et désoeuvré. Il va, à son chois, au bistro, au cinéma, au lupanar.

J'aurais tort d'en parler comme d'épouvantails. En eux-mêmes, et à doses modérées, ce ne serait pas la mort des hommes. Ce qui es grave, c'est cette insatisfaction, ce désir vague, cette appétence de quelque chose d'autre, ce dégoût pour a vie présente, qui met l'homme au désespoir et le citoyen dans un état propice aux pires idées de subversion. Le petit commerçant ni l'artisan en chambre ne ressentent à ce point la profonde crise de bonheur qui affecte la classe des ouvriers 'usines, lentement transformés en manoeuvres.

Comment remédier au péril? Est-ce faire un rêve trop hasardeux qu'imaginer le progrès mécanique corrigeant les propres aux qu'il engendre? En somme, c'est principalement l'utilisation e la vapeur, force intransportable, qui a poussé les industriels grouper les artisans dans de vastes usines. Auparavant, de grandes affaires et de grosses fortunes s'étaient édifiées, par semple en Angleterre et à Lyon, en distribuant le travail à domicile à des milliers de familles.

Ce que la vapeur - utilisation somme toute encore grossière des forces naturelles, approximation médiocre d'une récupération théorique de l'énergie - ce que la vapeur avait inévitablement centralisé, pourquoi l'électricité, qui va partout, ne pourrait-elle le disperser de nouveau?

Sans rêver d'une France artisanale, il est certain qu'il est maintes industries qui s'accommoderaient d'un travail à la tâche, sur machines-outils installées à domicile.

Quelques centaines de milliers de foyers pourraient être ainsi reconstitués, rien que dans notre pays. Or, qui dit foyer établi dit calme, respect de soi, absence à peu près certaine de folies outrancières.

Le principe du foyer propriété de chaque famille, il n'est pas niable que nous en avons méprisé l'importance. Si la bourgeoisie, au cours des derniers siècles, avait consacré quelques milliards à la construction de maisons ouvrières, payables par annuités et acquises à la veuve en cas d'accident, la proportion de révolutionnaires, d'aigris et de désaxés ne serait pas ce que nous montrent périodiquement les scrutins politiques. Mais la disparition du toit familial, son remplacement par un campement entre quatre murs loués dont pas un plâtras ni une ferrure ne vous appartient, a mis au coeur de l'ouvrir citadin une incertitude de l'avenir, un sentiment de précarité qui le pousse aux aventures, qui l'incite à jouer son va-tout.

Pour ce qui est des hommes occupés à ces tâches qui nécessiteront toujours de gigantesques outillages centralisés, il faudra réfléchir s'il ne convient pas de revenir sur le morcellement de l'effort, s'il ne serait pas habile de recommencer à donner un objet entier à fabriquer à un même individu, au lieu de la condamner à la confection éternelle d'un pièce détachée. Les théoriciens du taylorisme éclateront de rire ou d'indignation. Les gros industriels sortiront leurs barèmes et déclareront qu'ainsi nous augmenterions le coefficient "main d'oeuvre", d'où le prix de revient total. La capacité universelle serait en conséquence diminuée dans une proportion calculable à un dix-millième près...

C'est possible. Je sais fort bien que si je pouvais organiser mon travail personnel de telle sorte qu'aucune seconde ne soit perdue dans ma journée, sans un geste inutile ni un regard distrait, j'augmenterais formidablement ma capacité de production, mon "rendement". Mais je sais aussi que je mourrais de dépression nerveuse en peu d'années, si ce n'est de semaines.

Je ne doute pas non plus que l'humanité ait un rendement matériel optimum avec les méthodes rationalisées du travail usinier. Je crains simplement que l'état psychique du monde en pâtisse. [Simart]

6.2.1. Inégalités

"On désire également (et c'est très naturel) être mieux logé, mieux éclairé, mieux chauffé, mieux nourri. Chacun de ces progrès a beau se vulgariser très vite, il n'en accuse pas moins un peu plus la différence que crée la richesse et, rendant le contraste plus vif du riche au pauvre, contribue à développer la voracité des appétits qui fait les haines" [De Launay]

6.3. Les solutions et attitudes

La difficulté de la rencontre

"Pour aller chez les Chinois, on peut choisir entre les gares du Nord ou de Lyon, le Transsibérien par Moscou ou le paquebot par Marseille et Singapour... Mais pour aller chez les dactylos? .." [Roubaud]

[Roubaud] faisant écho aux marxistes "... le grand mépris de l'ancêtre pour le scribe pâlot et bossu, pour le clerc besogneux qui consume sa vie chétive dans l'ombre des bureaux" [Ponthière]

"... tous les travailleurs: manuels, techniciens et savants" [Besnard]

(Le bureau) "n'est pas dans l'entreprise un organisme parasitaire dont il faut avant tout redouter les végétations" [Ponthière]

"Le chef et ses lieutenants... s'installaient dans le prestige du fauteuil à ressorts, jouaient du tableau de commandement électrique, affirmant leur pouvoir d'une brève parole au téléphone intérieur, appelant à eux, d'un geste

distrait, par la simple pression d'un bouton d'ivoire, les jolies dames empressées à blocs-notes et crayons pointus" [Roubaud]

La recherche de solutions/l'adaptation

L'armée de l'air allemande "avait déjà sur nous l'avantage d'une structure conçue pour l'application d'un plan d'opérations moderne et précis. Entre elle et les formations aériennes qui avaient disparu en 1919, après la défaite, il n'y avait plus de ressemblance. En France, nous avions assujetti le progrès technique à la préparation de la guerre passée" [Stehlin]

6.3.1. La foi, le courage

6.3.3. Développer les machines

Leur destruction est souvent évoquée, mais qui est sérieusement pour à l'époque? Lombroso

"C'est la science qui prolonge et améliore la vie humaine. C'est elle qui, après avoir libéré les esclaves, diminue chaque jour le dur travail des hommes et permet d'ouvrir à tous le domaine consolant des joies du loisir, de la pensée et de l'art. Inventé par l'homme pour servir l'homme, la machine ne peut être rendue responsable de notre actuelle misère"[Dautry]

Horloge pointeuse: "Il était nécessaire d'assurer un contrôle des heures d'arrivée et de sortie du personnel qui fît disparaître toute possibilité de contestation sur les heures, source de conflits entre contrôleurs et contrôlés: les contrôleurs automatiques disposés à l'entrée des ateliers ontréaliser très heureusement ce but" [Dautry]

"Augmenter la production et surtout le rendement..." [Dautry]

(baisser les prix de revient)

"... la campagne qui est faite en faveur d'une compression de nos prix de revient. Elle s'apparente à la dévaluation monétaire qui, dans l'esprit de certains, nos permettrait d'exporter parce que nous fabriquerions meilleur marché! ... Plus on comprime les prix de revient, moins on a de chances de vendre au dehors. ... (car si)... je veux exporter des articles très bon marché, grâce à la compression indéfinie de mon prix de revient (c'est à dire en comprimant les moyens d'existence de mes ouvriers, car c'est ça que cela veut dire), mes articles s'adresseront à la masse des consommateurs étrangers... mon exportation sera très préjudiciable aux producteurs qui se sont installés de l'autre côté des frontières, et ils ne tarderont pas à trouver le moyen de refroidir mon zèle" [Duboin 35]

(contre les machines)

"Il était certain pour moi que les excès de l'industrialisme étaient à la base de tous les problèmes de notre époque, y compris ceux de la femme et qu'il était urgent, si l'on voulait atténuer les maux de notre siècle, de ne plus s'attacher à des détails mais de se décider à combattre l'ennemi dans son centre vital, le machinisme" [Lombroso]

"Les Grecs, les Romains, les Egyptiens -comme les Chinois modernes- arrivèrent pour les machines... tellement près des mécanismes qui font l'orgueil de notre civilisation actuelle, que l'on se demande comment et pourquoi ils ne sont pas arrivés vraiment à la réalisation de ces mécanismes. Je crois... qu'ils ne voulurent pas y arriver parce qu'ils étaient orientés à redouter plus qu'à envier le machines dont nous sommes si fiers". [Lombroso]

"Nous savons que les prêtres égyptiens craignaient tellement la vulgarisation de leurs découvertes en physique et en mécanique, qu'ils avaient deux écriture pour les fixer: l'une prou les initiés, l'autre pour le public". [Lombroso]... Aristote s'excuse de parler de physique "science méprisée des sages et des philosophes"

"Rome fit un grand nombre de lois non seulement contre la diffusion de l'or, mais même contre son extraction... Par contre, aucun effort n'était ménagé pour diriger les Romains vers l'agriculture".

"Il s'en fallut de peu que Tibère ne fît emprisonner l'inventeur d'une fabrication de verre malléable qui aurait permis de se passer d'un grand nombre d'ouvriers verriers. Il s'évertuait à trouver du travail aux citoyens et jugeait dangereux celui qui inventait la machine à réduire la main-d'oeuvre".

En Chine, "Le gen qui interdit formellement à chacun d'empiéter sur le bien du voisin... ne peut s'accorder avec le machinisme, qui pourrait à bon droit prendre pour lui la devise "Après moi le déluge"... il est contraire aux exportations "parce que celles-ci conduisent tôt ou tard à l'emploi de la force", il s'oppose aux sociétés anonymes "dans lesquelles chacun est tenté de satisfaire ses intérêts contre deux des autres"

"Les Chinois n'adoptèrent pas nos machines bien que les Européens aient voulu les leur imposer avec la force parce qu'ils étaient contraires aux immoralités indispensables au triomphe de ces machines. Ils les adopteront peut-être le triste jour où triomphera la révolution que nous avons provoquée et qui aura bouleversé leur tenace moralité"

"Le Christianisme le fut plus encore (contraire au machinisme)... Le christianisme - qui conduit l'homme à un monde irréel - cherche, grâce à cela, à différencier l'homme de la bête, à subjuguer ses sens, à lui faire trouver de la joie à les dominer et du plaisir à se soumettre à la faim, à la soif, à

l'abstinence, à la misère; par le christianisme l'homme peut transformer sa douleur en allégresse, s'exalter et jouir de ses souffrances comme des biens les plus réels"

"L'intelligence, le coeur, la sensibilité, tout est concentré dans l'adoration de Dieu, dans la recherche des desseins de Dieu; il faut arriver à faire abstraction des joies et des douleurs réelles, en s'imaginant et en goûtant d'avance les joies éternelles. Les dirigeants chargés de conserver cette orientation épient et répriment tout ce qui pourrait rompre la trame fragile des songes magiques.

...

l'idéal de la richesse, de la santé, du commerce avec les peuples voisins n'éveillait aucun écho à cette époque (le moyen âge), au contraire de la beauté, du patriotisme local, de la morale Comment des hommes, ainsi orientés, auraient-ils pu apprécier des machines capables de procurer seulement le luxe et des plaisirs sensuels ou des méthodes de vie qui auraient étouffé l'imagination et n'auraient visé qu'aux biens matériels?

"Alors que les Romains, les Grecs ou les Chinois ont été défavorables à l'industrialisme pour des raisons politiques et morales, la civilisation médiévale l'a été pour des raisons sentimentales"

"Le moyen âge lutte contre toute innovation dans l'industrie, parce qu'il lutte pour la fixité de la vie"

... "Et comme le désir du martyre n'est pas fréquent, il n'est pas étonnant de voir que les inventeurs, au lieu de divulguer leurs découvertes, cherchaient à les cacher, et nous devons les dénicher dans le Dictionnaires Infernaux, les livre de magie du moyen âge, dans les machines de théâtre, les Narrische Weisheiten où elles se trouvent cachées aux yeux des profanes sous le couvert de la folie e de la bizarrerie"

"Il y eut de tout temps des inventeurs, mais l'orientation de l'époque ne leur offrait pas souvent la possibilité de réaliser leurs inventions et de les faire adopter par la masse. De même nous offrons actuellement moins des possibilités aux génies philosophiques et politiques qu'ils n'en auraient eu alors"

...

"Je ne m'arrête pas à discuter si le luxe que l'homme se procure aujourd'hui vaut l'intelligence et la morale qu'il a perdues. ... Mais il me semble que l'on peut déclarer ceci en toute assurance: qu'une conception de la vie, une orientation différente de la nôtre peut exister, que les Romains, les Egyptiens, les Chinois, diversement orientés, avaient des aspirations, des répugnances qui -directement ou indirectement- s'opposaient à l'utilisation de la science dans un but industriel, à la multiplication de la production, à l'augmentation du gaspillage."

"De même pourtant qu'avec notre orientation, il nous est impossible d'arriver au degré où Rome, la Grèce, le moyen âge et la Chine arrivèrent comme perfection esthétique, politique, sociale et morale, perfection qui fut la conséquence logique de leur orientation - de même il ne leur était pas possible de songer aux applications de machines dont le seul avantage est d'augmenter le luxe, les dépenses, les gâchages, l'ostentation, toutes choses qu'ils dédaignaient." [Lombroso]

(origines du machinisme)

"Pour que les machines collectives puissent agir, il faut qu'un grand nombre d'individus... soient libres et disposés à abandonner leur foyer à refouler leurs aspirations individuelles... pour travailler aveuglément aux ordres d'un industriel, et à ses heures... uniquement en vue d'un certain salaire plus ou moins librement stipulé.

"Or ce n'est ni toujours ni facilement, ni partout

"Ce fut là la difficulté à laquelle se heurta Sir Beaumont qui découvrit la "terre qui brûle". Lorsqu'il voulut exploiter le vastes gisements de charbon... il ne peut trouver des "mercenaires"... Aux Etats-Unis, lorsqu'en 1804 le général Humphrey ouvrit les premièes fabriques de tissus, les paysans ne voulurent pas y envoyer leurs filles. Pour décider les indigènes de l'Afrique, de l'Amérique ou de la Chine à travailler pour de l'argent, il fallut recourir à l'alcoolisme ou à l'opium... les villes luttaient pour s'enlever quelques artisans qualifiés

6.3.4. Réduction du temps de travail

Matignon: 40 heures, congés payés

"la réduction de la journée de travail... sera peut-être utile, mais ne sera certainement pas suffisante..." [Dautry] analyses de Jouvenel

6.3.5. Le protectionnisme/nationalisme

"... le libéralisme économique absolu est mort. IL ne pourrait revivre sans ramener le niveau de vie des pays de haute et vieille civilisation, comme le nôtre, au niveau de vie de populations le moins évoluées." [Dautry]

"Le nationalisme économique... il ne faut pas prendre l'importance des échanges pour une fin." [Dautry]

"Ne faut-il pas en effet remettre d'abord la maison en ordre avant de penser à instaurer l'ordre international" [Henri]

"Ce nouvel état de choses oblige la nation à se réfugier dans l'autarchie, c'est-à-dire à vivre en vase clos, sauf pour les exportations qu'elle cherche, au contraire, à développer coûte que coûte". [Duboin 35]

"Cette exaspération du nationalisme économique généralisé s'est exprimé nettement à la Conférence monétaire et économique de 1933 à Londres. Réunis pour rechercher et trouver les bases d'une collaboration internationale, les pays y représentés ne réussirent qu'à faire ressortir leurs particularismes intransigeants" [Henri]

"Ainsi s'unifient côté à côte une série de barbaries nationalisées qui doivent un jour, faisant explosion, s'opposer les unes aux autres en d'implacables et mortels conflits" [De Launay]

"Déjà, de tous côtés et malgré tous les grands projets d'entente douanière qui semblent un moment sur le point d'aboutir, les frontières se ferment et se hérissent de prohibitions ou de douanes. En attendant les Etats-Unis d'Europe, toujours promis et toujours reculant dans les nuages, nous voyons les débris de plus en plus fragmentaires des anciens Etats s'envelopper jalousement de murailles de Chine" [De Launay]

"On compte sur la Société des Nations: pivot d'illusions et de rêves, sur lequel, au dire des optimises, doit sans heurts et sans secousses tourner le monde futur" [De Launay]

La Société des nations "n'a -jusqu'à présent- que trop prouvé son impuissance. Elle n'a pas su faire oeuvre créatrice." [Henri]

6.3.7. La planification

"Le libéralisme économique, au moins au sens classique, est désuet. ... Avec le libéralisme, nous nous trouvons en face d'un enchevêtrement de pignons, de ressors, et de manivelles, dont aucun ne commande tout le système" [Henri]

"... dans une discipline qui s'appliquera à l'organisation de la production et de la répartition Seul un Etat indépendant arbitrant en fin de compte des intérêts incohérents... rejoignant les principes qu'avait conçus le Moyen Age... limitation du nombre des maîtres-artisans..." [Dautry]

"Le défaut commun aux organisateurs et à la plupart des mortels, leur péché mignon, est de regarder leur ouvrage avec des oeillères. L'ingénieur et le mécanicien ne considèrent que les techniques, les machines et les procédés administratifs qui augmentent une production brute, le psychotechnicien réservera toutes ses faveurs aux problèmes psychologiques, le physiologiste aux moteurs humains, le comptable à la comptabilité, etc. Le difficile est de faire le tour complet d'un système travaillant complexe, d'en examiner les aspects nombreux." [Ponthière]

"Dans le cas où le chef est complètement informé par ses bureaux, il lui suffit de déduire avec certitude une décision imposée par les faits, il fait acte d'administration expérimentale. Dans les autres cas, quand l'incertitude lui permet un choix ou quand sa passion l'empêche d'entendre son bureau, il fait acte d'administration empirique, intuitive, passionnée, qu'on appelle aussi "politique" et qui serait le privilège du gouvernement." [Ponthiere]^

6.3.11. Le chef. Formation des élites

"Les événements ne sont pas poussés en ligne droite par un piston, mais entraînés dans des courbes compliquées par un jeu d'engrenages auxquels commande la perforation d'un carton invisible" [De Launay]

"Cette science de l'homme et cette organisation de la vie de l'homme... Science qui permettra de définir, non plus seulement à quelles conditions physiques, mais à quelles conditions mentales, spirituelles, morales, économiques, civiques, l'homme peut s'adapter harmonieusement au monde moderne, c'est à dire y vivre heureux, équilibré, désireux de s'y reproduire. Organisation qui réalisera pour l'homme un milieu en harmonie avec ses potentialités.

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