@SURTITRE:DOWNSIZING

@TITRE:Les pionniers persistent et signent

@CHAPO:Fortes quelques années d'expérience, les entreprises qui ont pris les risques d'un downsizing confirment la réalité des économies qui en découlent.

@TEXTE:Après avoir clamé que le downsizing était techniquement impossible , ses adversaires contestent aujourd'hui sa rentabilité. Mais ceux qui s'y sont lancé depuis le début de la décennie, non sans risques d'ailleurs, ne se plaignent pas des résultats obtenus.

L'Igirs va fêter le cinquième anniversaire de sa mutation radicale de 1989: deux IBM 38 remplacés par une batterie de serveurs Compaq (386 à l'époque, voir LMI du 20/2/89 et du 11/2/91). Malgré les difficultés d'une grande première, le projet est parvenu à l'essentiel de ses objectifs, notamment quand aux coûts. Même si entre temps, les 386 ont fait place à des 486.

A une échelle plus modeste, les laboratoire Ardeval ont à la même époque remplacé un Digital Vax par un 386 sous Unix, pour une application assez volumineuse de facturation: 30 000 lignes de facture par mois. Cas relativement rare, il s'agit d'un downsizing à périmètre identique, conservant le principe d'une machine centralisée avec 12 postes passifs. La réduction des coûts matériels peut sensiblement se ramener à une division par six, sans augmentation des autres postes de frais.

Quant aux très grands systèmes, le downsizing sur machines Unix ne peut s'envisager que depuis peu de temps. Il s'agit donc de projets, répartis sur plusieurs années. Le Crédit agricole de Saint-Lo, par exemple (abandon du mainframe programmé pour 1997) ou la CNP Assurances (basculement complet sur Unix de deux gros centres de calcul vers la fin du siècle). Les prévisions de réduction de coût sont du même ordre que dans les cas précédents, pour ce qui concerne le matériel.

@INTER:Gains en investissement, pertes en coûts de fonctionnement?

@TEXTE:Mais, objecte-t-on, il faut aussi mesurer les coûts de fonctionnement, qui seraient plus élevés sur les systèmes à base de machines plus petites. Aux laboratoires Ardeval, la question fait sourire. Le serveur sur PC tourne tout seul. Par précaution, un contrat de maintenance a été souscrit (de l'ordre de 10 000 F par an), mais il n'a jamais servi. La sécurité est mieux assurée, puisque le passage, en 1990, à une machine 486 a permis de conserver en backup le serveur 386 d'origine. Avec transfert des données par l'intermédiaire de streamers.

Les avis se partagent sur les coûts de réseaux. A l'Igirs, ce poste avait pesé lourd à l'époque, du fait d'un recâblage, au surplus mal adapté dans une première version. Chez Ardeval, le câblage existant a suffi. En revanche, le Crédit agricole de Saint-Lô, du fait de l'implantation de serveurs dans les agences, estime que ce poste augmente.

En matière de sécurité aussi, les comparaisons sont rarement aisées: sur une architecture fortement répartie, les petits problèmes ont de bonnes chances de se répéter plus souvent, mais un arrêt généralisé devient impossible. Le coût des mesures à prendre dépendra donc de la nature des menaces et des éléments critiques. Chez Casino, la sécurité constitue même l'avantage majeur de l'opération de répartition menée en1992: "Ce que nous gagnons d'un côté, nous le perdons de l'autre. Mais au moins nous n'avons pas tous nos oeufs dans le même panier".

@INTER:Le prix de l'intelligence

@TEXTE:Si le downsizing coûte parfois cher, cela peut tenir aux objectifs que l'on se donne pour le nouveau système: sécurité renforcée par le mirroring, ergonomie des interfaces homme-machine sans commune mesure avec celle des terminaux passifs traditionnels, bureautique sophistiquée, etc. Jacques Pillebout (Nootec) a vu le budget d'une nouvelle architecture s'élever à 100 000 F par personne... et conclut qu'avec le downsizing "cela coût moins cher, mais il faut être intelligent, et l'intelligence a son prix". @SIGNATURE:PIERRE BERGER