@SURTITRE:CONCEPTION DES SYSTEMES

@TITRE:Toulouse lance la "conception permanente"

@CHAPO:L'informatique fait partie de l'entreprise et bouge avec elle. Le processus de conception informatique doit s'intégrer à son existence. L'Inria et le Laas font des propositions.

@TEXTE:Alors que l'orientation objet polarise la réflexion méthodologique, des chercheurs français proposent de nouvelles pistes. Au récent congrès de l'Afcet, Bernard Rothenburger, Pierre-Jean Charrel et Laurent Perussel ont mis en forme leur idée de "conception permanente". De cet exposé de recherche, bourré de références et de termes scientifiques, nous présentons ici un résumé simplifié, à la limite de la caricature.

@INTER:L'informatique ne peut décrire le système d'information

@TEXTE:Le système d'information étant un sous-système de l'entreprise, on se trouve devant une régression infinie: le système d'information décrit un système dont il fait partie. L'entreprise n'est donc pas un objet dont on pourrait donner une image fidèle par un formalisme. Et en particulier par un système informatique (nous ramenons ici au vocabulaire courant le terme plus spécifique proposé par les chercheurs: SIA, système d'information automatisé)

Il ne s'agit donc pas de construire un système suffisamment flexible pour s'adapter à un réel changeant, mais de mettre en place des mécanismes de détermination réciproque.

Le comportement de l'entreprise influe sur le processus de conception de son informatique, qui à son tour détermine ce qu'est l'entreprise. Le processus de conception informatique devient une activité permanente de l'entreprise, au même titre que la production, la recherche et développement ou le marketing. Il ne s'agit plus de proposer un ensemble de moyens permettant de résoudre un problème, mais de permettre à l'entreprise et à l'informatique d'interagir constamment.

@INTER:Trois approches de modélisation

@TEXTE:Plusieurs approches ont cherché à modéliser le processus de conception. La première se base sur les activités. Séquentielle, linéaire, en spirale, en cascade ou en fontaine, elle définit des phases pour produire un système informatique perçu comme un objet. Elle manque de flexibilité.

Une autre s'appuie sur la décision. Elle progresse par transformations successives, en gardant l'historique de ces évolutions. Mais se fonde sur l'idée que l'on peut effectuer des retours-arrière efficaces. Mais cela ne convient guère aux systèmes informatiques d'entreprise, où l'évolution rapide et constante ne permet pas de retour.

Enfin, une approche "orientée produit" fonctionne par confrontation des points de vue. On maintient en permanence un lieu entre les acteurs de la conception et ce qu'ils conçoivent. La convergence des points de vue est assurée par des mécanismes de corrélation.

Mais ces trois approche présupposent qu'il est possible de décrire l'activité de conception, d'en déduire une méthode plus ou moins appuyée sur des outils. Or la réalité de la conception informatique échappe largement à ce schéma. Il faut donc pousser la réflexion plus loin.

@INTER:Concevoir de l'intérieur

@TEXTE:Le schéma joint illustre cette nouvelle manière de voir la conception informatique. Dans la vision classique (à gauche), le processus de conception est le fait d'un intervenant extérieur. Il se fait une idée du système d'information de l'entreprise (analyse de l'existant, en quelque sorte), pour en réaliser une version automatisée. Dans la vision proposée ici, le système informatique fait partie d'un sous-système d'information et participe à son évolution, pour ne pas dire à sa vie.

Le système informatique se présente d'abord comme outil de communication. Il fait transiter les informations internes ou externes. Il est aussi un miroir: à chaque émetteur il renvoie un écho, une nouvelle vision de l'information qu'il fournit. Enfin, il est aussi un lieu d'interaction et de confrontation. Il organise les actions sous-tendues par les messages échangés. Les acteurs de l'entreprise sont appelés à jouer, en plus du rôle de producteur-manipulateur d'informations brutes, celui de concepteur du système d'information.

La méthodologie informatique évolue donc. Non plus vers l'amélioration de points de détail des formalismes et des modèles existants, en essayant d'améliorer leur aptitude à servir de référence absolue. Mais elle tente d'offrir à la pluralité et à l'innovation de s'exprimer au travers de mécanismes de "conception participative".

Ces idées ne sont pas totalement nouvelles, comme en témoigne la bibliographie fournie par les auteurs. On pourrait y rajouter les nombreux travaux menés au début des années 80, dans une mouvance qui évoquait encore les années 68 et se renouvelait avec les Lois Auroux sur le dialogue en entreprise. Mais ces propositions émergent dans le contexte menaçant, mais stimulant, du Business process reengineering. Cette mouvance veut donner du pouvoir à l'utilisateur de base, surtout s'il est au contact du client (front line). Les travaux toulousains poussent la réflexion un peu plus loin: pourquoi l'homme de base ne participerait-il pas à la conception elle-même. Un beau chantier à ouvrir sur le terrain.@SIGNATURE:CHARLES DE LAUBIER