@SURTITRE:GERER LE RISQUE

@TITRE:Facteur humain et

conception de systèmes

@CHAPO:Tout informaticien prend des risques, et en fait courir à ceux qui utilisent ses applications. L'expérience des accidents d'avions pourrait-elle se transposer à la DSI?

@TEXTE:En cas d'accident, la justice "s'oriente de plus en plus souvent vers les constructeurs et les exploitants et non vers les conducteurs". Assortie d'exemples, cette constatation marque l'esprit d'un livre original et qui peut alimenter la réflexion des DSI. Sous le titre "La conduite des systèmes à risques", René Amalberti vient en effet de publier aux Presse Universitaires une analyse fouillée. Un travail de chercheur mais solidement ancré dans l'analyse de cas concret, en l'occurrence les sinistres aériens. Plus rare encore pour un universitaire, il ne se prive même pas d'humour à l'occasion. Comme cette citation d'un mécanicien interrogé par un ergonome "... il y a un coup à zéro ou deux coups à zéro dans l'ordinateur et le système affiche la moyenne qui baisse. Mais c'est pas ça qu'il faut regarder si vous voulez savoir si les turbos marche bien...".

@INTER:Les risques de la sécurité elle-même

@TEXTE:L'auteur prend le risque de décevoir les lecteurs qui cherchent le risque zéro. Il constate d'abord que l'on ne progresse plus: "... la sécurité des grands systèmes techniques aurait dû considérablement bénéficier de ces efforts (au

tomatisation, retour d'expérience). Or il n'en est rien, ou presque rien. A preuve notamment une courbe des taux d'accidents en aviation commerciale. Pourquoi? D'abord une certaine maturité même des systèmes. Ils continuent sur leur inertie sans se remettre en question. Ensuite les arbitrages entre sécurité et performance. Et enfin "On ne peut pas combattre un risque sans prendre des risques".

Tout cela ne suffit pas à décourager René Amalberti, qui nourrit ses réflexions dans celle des nombreux laboratoires français d'ergonomie et s'appuie sur l'exemple du modèle Aide, développé pour le copilote électronique de l'avion de combat Rafale. La modélisation concerne plus particulièrement trois mécanismes cognitifs: résolution problème sous pression temporelle, gestion de ressources entre court et long terme, anticipation et auto-adaptation avant survenue d'incidents. Programme en Common-Lisp sur station de travail, le modèle fonctionne en réseau avec d'autres stations: un modèle de l'avion piloté et une sortie graphique évoluée.

Conclusion: pour progresser au delà du niveau exceptionnel de sécurité actuellement atteint, il faut prendre en compte le facteur humain. Mais cette démarche "sera dérangeante, parce que nouvelle" et coûteuse, parce qu'elle "nécessite de longues observations préalables et une conception plus interactive".

Pour s'appliquer à l'informatique courante des entreprises, ce type de recherche exige un important effort de transposition. Et pourtant, les difficultés actuelles d'un secteur comme la banque montre que l'informatique la plus "bureautique" vit aujourd'hui dans le risque. Aux informaticiens qui en douteraient, notre confrère américain CIO (numéro du 15 avril) donne d'ailleurs matière à réflexion, avec un dossier intitulé "IT risk management".

Ici, le risque majeur naît du choix des investissements. Les réponses de notre confrère relèvent du bon sens plus que de la théorie des jeux ou des outils avancés d'aide à la décision. Mais il insiste sur l'importance de la communication et de la planification. Comme le pilote d'un avion de chasse, celui qui lance un projet doit regarder à la fois l'horizon des grands objectifs et l'évolution instantanée de tous les détails techniques. La solution passe, en partie, par une bonne conception du tableau de bord.

A la vitesse où va aujourd'hui l'informatique aujourd'hui, le DSI vit-il moins dangereusement que le pilote d'un Rafale? @SIGNATURE:pierre.berger@lmi.fr

@LEGENDE ICONO:Réactive, tendue, toute entreprise vit aujourd'hui à l'heure du risque.

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Ici, le risque majeur naît du choix des investissements. Les réponses de notre confrère relèvent du bon sens plus que de la théorie des jeux ou des outils avancés d'aide à la décision. Mais il insiste sur l'importance de la communication et de la planification. Comme le pilote d'un avion de chasse, celui qui lance un projet doit regarder à la fois l'horizon des grands objectifs et l'évolution instantanée de tous les détails techniques. La solution passe, en partie, par une bonne conception du tableau de bord.