@DOMAINE:STRATEGIE

@ST OUV:Informatique et processus

@T RUB1:L'informatique rock and roll de Warner Music France

@CHAPO:Pour s'adapter à des marchés évolutifs, l'informatique de Warner s'organise en trois couches: une architecture ouverte client/serveur, des services fonctionnels à base de composants et des processus constamment repensés en fonction des besoins. A l'arrière-plan: la réflexion en profondeur de son DSI.

@TEXTE:Merise a habitué les informaticiens a penser leur informatique à partir des données. La micro-informatique tendrait à tout construire à partir du poste de travail. Les progiciels intégrés organiseraient tout autour d'un ensemble fonctionnel monolithique. Chez Warner Music France, le DSI Gabriel de Fombelle organise à l'image de l'entreprise... en restructuration permanente.

@INTER:Trois couches: ressources, services, processus

@TEXTE:La démarche, dès le départ, élimine le progiciel. Du moins le progiciel intégré. "Cela ne peut convenir qu'à des firmes qui savent exactement ce qu'il leur faudra dans cinq ans". D'ailleurs "se définir un système-cible comme une fin en soi, c'est le meilleur moyen de se tromper. Le marché oblige l'entreprise à changer, et le système d'information est l'image de l'entreprise: un patrimoine de savoir-faire, capables de s'organiser, de s'auto-synchroniser, pour mettre des processus au service de buts précis

Warner n'a pas vraiment lancé une réingénierie de processus, au sens violent et radical des gourous Hammer et Champy. Mais l'entreprise aime se remettre en question en permanence, à l'image des produits qu'elle vend "C'est le rock and roll qui nous fait vivre", lance parfois son président, même si la musique classique tient une place non négligeable dans son portefeuille.

La maison-mère américaine a le souci de préserver l'identité de ses filiales, et leur laisse donc développer leur propre informatique. Elle se contente d'imposer un reporting (avec Hypérion) et des échanges de données dans un format maison. Dans la filiale française, l'informatique a donc pu lancer une "refondation" qui a duré deux ans et arrive à son terme.

A la base, une architecture technique ouverte (serveurs Unix sur HP 9000, clients Windows, intranet). L'intranet couvre déjà une partie des besoins de communication entre composants. Avec l'extranet, il s'étendra aux clients et aux producteurs de musique. Il facilite le déploiement des applications, et est facilement mis en oeuvre par les développeurs qui maîtrisent OLE.

Au dessus, un ensemble de services fonctionnels, de serveurs de données et d'interfaces homme-machine. Au sommet, les processus font appel aux services selon les besoins du moment. Des processus en ré-ingénierie permanente en fonction de la demande du marché, pour ne pas dire de la mode, essentielle sur ce marché "culturel". Et donc une coopération toujours ajustée des équipes et des savoir-faire, appuyés sur les services de l'informatique.

@INTER:Les ressources: client-serveur "troisième génération"

@TEXTE:L'architecture client-serveur sur systèmes ouverts (Unix) permet une reconfiguration permanente. Elle se veut capable "de supporter des changements de configuration fréquents de l'entreprise dans l'exercice de ses activités, d'optimiser le travail des groupes" et même "de permettre aux utilisateurs de s'approprier son évolution au niveau des métiers et des fonctions de pilotage". Les technologies doivent favoriser "la recherche et la création de nouveaux services".

L'architecture technique comprend des interfaces homme-machine, des serveurs de données et des serveurs de traitements fonctionnels. Ces derniers peuvent être clients les uns des autres, conformément à la "troisième génération" du client/serveur au sens du Gartner Group.

Elle s'appuie sur des processeurs HP 9000 (qui remplacent des machines Wang parties il y a un an et un AS 400 encore en place actuellement) avec Oracle, des postes Windows 3.1 et un réseau bureautique Banyan-Vines mais architecture globale TCP/IP. On peut donc parler d'intranet. Le choix d'un middleware proprement dit (Corba, Com-DCom...) est repoussé à 1998.

@INTER:Des services fonctionnels indépendants

@TEXTE:Les services sont des ressources, indépendantes du matériel, disposant d'une certaine autonomie : facturation, contrôle des factures (le flux des factures EDI dot être conforme aux conditions commerciales), rangement dans les magasins, statistiques sur les stocks, évaluation du risque financier... Chaque fonction doit limiter sa portée. "Il faut savoir s'autocensurer pour ne prendre en compte qu'une fonction bien déterminée" (voir article joint).

Tous les états sont produits par BO, y compris ceux qui proviennent de données encore installées sur l'AS 400. Business Objects a été bien assimilé par les utilisateurs, qui ont divisé par 4 leur consommation de papier. Cela est dû pour une part à la simplicité des structures de données, qui permet de se contenter d'une couche "mince" en BO. De plus, l'équipe informatique s'est attachée à soigner les performances de réponse aux requêtes et a soutenu un plan de formation approprié. 24 personnes, dans les services financiers et commerciaux, en font un usage intensif. L'équipe informatique y a affecté un chef de projet, assisté par une personne en régie. Quant à la participation des utilisateurs au développement, en tant que maîtres d'ouvrage, "Nous évitons de mettre l'utilisateur devant un papier blanc". Et tous les interfaces sont prototypés (avec Power Builder), avec un cycle de trois ou quatre itérations

@INTER:La réflexion inspire l'action

@TEXTE:Gabriel de Fombelle mène de pair le développement de son système d'information et une réflexion en profondeur qui inspire son action. Il vient de soutenir un DES en management de l'information à l'IMI, sous l'autorité de Gérard Balantzian. Chez lui la dialectique conduit constamment des bons auteurs (Yourdon, par exemple) à la pratique (le middleware...). Pour couronner ses méditations, il va prochainement s'initier à la théorie du système général de Jean-Louis Le Moigne. Dans un groupe qui promeut aussi bien la musique classique que le rock, une telle souplesse intellectuelle permet de faire face à l'imprévisible, plus proche ici qu'ailleurs.@SIGNATURE:PIERRE BERGER

@LEGENDE:Gabriel de Fombelle: "Organiser l'informatique à l'image de l'entreprise... en évolution permanente".

@T ENCA2:Découpage des fonctions et composants

@TEXTE ENCA:Le découpage doit être soigné, en visant un couplage minimum entre services (point qui a été particulièrement travaillé par Edward Yourdon). Un service fonctionnel représente typiquement une dizaine de pages A4 de code source. La programmation des fonctions sur les machines HP se fait en C++ avec SoftBench (de HP). Les fonctions doivent coopérer, échanger des messages. C'est ainsi que s'organiseront les processus, à un moment donné, en s'appuyant sur services fonctionnels de l'informatique aussi bien que sur les équipes humaines et en les faisant coopérer.

@INTER:Morceler le socle de données

@TEXTE:Cette orientation exclut une conception centrée sur un ensemble unique de données. Un Datawarehouse, oui. Mais "il a fallu casser la plaque, morceler le socle de données". Les données s'organisent en fonction de leur utilité opérationnelle pour un service fonctionnel donné. Cela suppose qu'on accepte une certaine redondance, sinon des divergences (formats, sémantique) et une dé-normalisation (au sens de Codd).

Le Datawarehouse exploité en Oracle avec Business Objects, devient quelque chose d'indépendant, à part de l'opérationnel. Ce qui n'empêche pas un déversement quotidien (qui prend environ une heure, pour environ 20 giga-octets globalement en ligne).

A ce niveau, les ressources peuvent s'implémenter par appel à des progiciels. La comptabilité emploie le progiciel Arcole (d'Arès), et la paye Logicompta (le plus complexe est la paie des intermittents du spectacle, au régime très particulier). Mais l'avenir appartient aux composants. Le marché est assez riche en composants graphiques, encore naissant pour les composants métier. Mais on peut se permettre un certain optimisme pour l'avenir: même SAP commence à faire évoluer son offre en ce sens.

@INTER:Objets Ilog et réutilisation

@TEXTE:Warner fait appel en particulier à l'offre d'Ilog: DBLink pour "avoir une interface propre avec les bases de données" et Solver pour la programmation par contraintes (pour le rangement des produits dans les étagères. Plutôt qu'une algorithmique complexe, on sort les règles et on les externalise"), Rules pour externaliser les accords commerciaux (règles nombreuses et éphémères). Avec aussi quelques composants de Views, et un générateur maison de composants pour les objets persistants.

Cette approche permet la réutilisation. Par exemple, pour les 100 portables qui circulent aux mains des commerciaux, une application spécifique va exploiter les composants actuels du système d'information. L'objectif est que tous les collaborateurs de l'entreprise puissent avoir accès au système d'information, qu'ils soient ou non au siège. Cela s'applique aussi aux opérateurs mobiles dans les entrepôts, grâce à un réseau radio de Fenwick qui donne toute satisfaction.

@T ENCA1:WARNER MUSIC FRANCE

@TEXTE ENCA:Warner Music France est la holding représentant, en France, les intérêts de Warner Music Group, la division musique de Time Warner.

Chiffre d'affaires (1996): 1 millliard de francs

Effectif: 300 collaborateurs. Assistance de Sopra.

Equipe informatique: 15 personnes

Architecture client-serveur sous Unix:

Machines HP 9000

Réseau bureautique Banyan-Vines et intranet en TCP/IP.

Programmation en C++, Business Objects. Sur les postes clients, 4.Win et PowerBuilder.

Pas d'inquiétude pour les chantiers de la fin du siècle. Pour l'an 2000, tous les programmes ont des dates à quatre chiffres. Pour l'Euro, le groupe appliquera une politique mondiale avec le dollar, l'euro et la monnaie locale.

/////////////Encadré facultatif

@T ENCA2:Innover en EDI

@TEXTE ENCA:Warner Music France pousse activement l'EDI (échange de données informatisé). La firme a une solide expérience avec ses transporteurs, surtout pour le suivi des colis, avec messages normalisés Edifact. L'outil fournit des alertes en cas de problème et permet de renseigner les clients.

Avec les distributeurs, les échanges progressent surtout avec Auchan et la Fnac (surtout depuis le changement de ses structures informatiques). La firme a élaboré un nouveau message, le référencement marketing. Chaque semaine, les services commerciaux se réunissent avec les distributeurs, pour référencer de nouveaux disques. Des messages spécifiques transmettent les données nécessaires aux intéressés. Ce message sera normalisé dans le cadre de Gencod, mais Warner n'attend pas ce caractère officiel pour s'en servir.

1997 devrait être l'année du démarrage de l'EDI dans le secteur du disque. Pour Warner, il pourrait atteindre 100% avec certains distributeurs, d'ici au milieu de l'année. Et atteindre rapidement 20 ou 30% du chiffre d'affaires.